10 museomag 02 ‘ 2017 dénicher les bonnes pièces une mission de détective! Les collections de la section des Arts décoratifs et populaires / Histoire luxembourgeoise contemporaine du MNHA sont une véritable caverne d’Ali Baba! D’ailleurs, elles croissent sans cesse, s’y ajoutant parfois des objets particulièrement inattendus. Il n’est pas rare, lorsque des particuliers nous contactent pour nous proposer des pièces, qu’à leur grand étonnement, nous jetions finalement notre dévolu sur des objets qu’eux- mêmes avaient cru bon juger sans intérêt. Les capacités d’enchantement d’un conservateur de musée sont en effet insoupçonnées… Ainsi peut-il s’extasier, comme il nous est arrivé tout récemment d’ailleurs, devant un bout de papier, une petite médaille toute poussiéreuse, une photographie ancienne, un vieux cahier d’écolier du XIXe siècle, un meuble des années 1950, une carte d’entrée à la tribune d’honneur des Jeux olympiques d’Amsterdam en 1928, une carte autographe d’un acteur de cinéma qui connut la gloire à l’époque des films muets… Si les objets susceptibles de documenter l’histoire récente de notre pays n’ont que rarement une valeur monétaire – ce sont parfois simplement des photographies anciennes ou des documents –, ils ont pourtant du prix aux yeux d’un conservateur. Récemment, le MNHA a reçu en don deux ensembles très importants d’objets historiques provenant de successions. Alors que les héritiers avaient appelé le musée pour des tableaux d’artistes luxembourgeois du XXe siècle, ce furent finalement près de 500 objets, © éric chenal tableaux et objets historiques très divers, que le MNHA a récupérés dans une maison en Ville. Dans une autre demeure sur la Moselle, les «trésors» – ici des travaux préparatoires de vitraux et de décors d’église – se trouvaient au grenier, sous une épaisse couche de poussière, à l’endroit même où quelqu’un les y avait déposés il y a près… de quarante ans! Si c’est avec un esprit de détective et avec l’œil vif que nous nous mettons à l’affût de l’objet rare, il faut faire preuve de moult diplomatie pour espérer se faire ouvrir les armoires et ainsi défricher les trésors cachés, dans le respect de l’intimité des habitants et de la mémoire d’autrui. Toutefois, le musée ne peut accepter toutes les offres qui affluent. D’une part, tous les objets ne sont pas intéressants dès lors qu’ils ne permettent pas de raconter une histoire. D’autre part, nos collections regorgent déjà d’une multitude de pièces: il faut donc éviter les doublons pour des raisons d’organisation de nos dépôts dont la surface n’est pas extensible à l’infini… Si toute offre n’est pas bonne à prendre, toute proposition est néanmoins la bienvenue et mérite écoute. N’hésitez donc pas à nous contacter si vous pensez, vous aussi, pouvoir enrichir les collections publiques! Régis Moes