5 02 ‘ 2016   museomag 
exposition permanente 
recouvert d’un carrelage rouge envahissant et au 
plafond surbaissé qui faisait fuir les claustrophobes. 
Nos Iconomaques Gillen, Kirscht, Probst, Stoffel et 
Wercollier étaient disposés en fin de parcours dans 
un grand réduit accessible uniquement par une 
étroite cage d’escalier que peu de visiteurs osaient 
emprunter et qui conduisait les quelques téméraires 
dans cet espace fourre-tout regroupant toutes les 
œuvres d’après-guerre. Quant à nos artistes du 
XIXe 
siècle, ils avaient été exilés dans un coin perdu de la 
section des Arts et traditions populaires, en attendant 
des jours meilleurs. 
Nul doute que cette disproportion agaçait alors plus 
d’un: l’artiste Henri Dillenburg n’avait-il pas peint en 
1975 une toile intitulée La vie de l’esthète national, 
montrant un critique d’art éclairant de sa chandelle un 
obscur couloir en forme de labyrinthe refermé comme 
une boucle, c’est-à-dire sans issue, et tirant derrière lui, 
au bout d’une ficelle, une petite chaloupe – «Kutter» 
en allemand – en papier? Des voix s’élevaient déjà 
pour relativiser l’importance de l’artiste qui n’avait 
jamais fait partie d’aucune avant-garde. Kutter était 
pourtant le seul peintre luxembourgeois à avoir, de 
son vivant, présenté régulièrement ses œuvres dans 
les grands Salons étrangers: il y avait exposé en tout 
55 fois, contre 22 fois seulement au Luxembourg! 
Lorsqu’il eut droit à une nouvelle rétrospective en 
1994, à l’occasion du centième anniversaire de sa 
naissance, on se rendit compte que les ouvrages 
qui expliquaient sa démarche commençaient à dater 
et que les nouvelles publications ne révélaient rien 
de nouveau. C’est alors que le conservateur de la 
section des Beaux-Arts Jean Luc Koltz et moi-même 
décidâmes de réaliser le catalogue raisonné de son 
œuvre (voir p. 30). Ce travail allait nous occuper 
pendant cinq longues années. Découvrir jour après 
jour, l’une après l’autre, toutes les œuvres connues 
de l’artiste, retracer avec minutie son parcours, 
rassembler les catalogues et les textes des critiques 
d’art de l’époque, lire sa correspondance privée, voilà 
une expérience inédite et unique grâce à laquelle – et 
au grand dam de notre entourage proche – on finit 
par partager son propre quotidien avec celui de l’artiste 
dont la vie et l’expérience esthétique apparaissent 
soudain d’une richesse insoupçonnée et ne 
demandent alors plus qu’à être transposées à l’écrit. 
Tout nouvel accrochage nous fait redécouvrir l’œuvre 
de ce peintre qui mérite d’occuper, pendant longtemps 
encore, cette place de choix dans notre musée. 
Edmond Thill 
Wichtige schenKung 
Die Gemäldesammlung des MNHA konnte 
kürzlich durch die Schenkung von zwei wichtigen 
Gemälden erweitert werden. Das Museum möchte 
sich bei der Familie Fischer für ihre Großzügigkeit 
bedanken. Es handelt sich bei den Werken um eine 
Darstellung der Nepomukstatue in Luxemburg 
(“Bommenzinnes”) von Joseph Kutter (1894- 
1941) sowie um ein Porträt von Elisabeth Kehler 
(Frau des Künstlers) von Reginald Bottomley 
(1856-1933). Die mehr als 80 Werke umfassende 
Sammlung des MNHA gibt einen guten Überblick 
über das Werk Joseph Kutters.