6 museomag 01 ‘ 2016 un vÉritable cabinet de curiositÉs... inauguration du cabinet des mÉdailles: les coups de cœur des directeurs de musÉe du groupement«d‘stater musÉeën» portrait de l’impÉratrice anna (1585-1618) Danièle Wagener, directeur Les 2 Musées de la Ville de Luxembourg: «Ce modèle de médaille en cire et perles en verre sur ardoise est édifiant à plus d’un titre. Tout d’abord par sa technique d’exécution, manifestement très complexe en raison d’un matériau délicat qui exige un geste d’exécution rapide et précis, vu que la cire chaude est un liquide qui refroidit vite. Ensuite par ses remarquables qualités artistiques au regard du détail des éléments décoratifs insérés dans la cire, les perles en verre sur la coiffe, l’effet de matière des cheveux et du col à la perspective parfaite. Alessandro Abondio fut donc un excellent technicien doublé d’un artiste hors pair. Cette pièce est exceptionnelle pour la conjonction de toutes ces qualités: artisanales, techniques et artistiques. J’aurais bien aimé pouvoir admirer la médaille finale.» cheval androcÉphale et aurige, vers 100 av. j.-c. Enrico Lunghi, directeur du MUDAM: «Je choisis une monnaie dont l’iconographie m’a d’emblée inter- pellé, et plus précisément par son côté surréaliste. Je trouve cela drôle d’avoir coiffé le cheval d’une tête d’homme. J’ai cru comprendre que c’est là le résultat d’une succession de stylisations. Le fait que la Victoire se trouve en-dessous au lieu d’être au-dessus produit un effet démoniaque, un peu comme Saint Georges tuant le dragon. Le côté mystérieux et surréaliste de l’iconographie est vraiment saisissant. J’aime assez l’idée qu’on crée des formes nouvelles en mésinterprétant les anciennes représentations. D’ailleurs, n’a-t-on pas inventé une foule d’images en ayant mal compris des modèles? Souvent, cela produit du neuf.» lingot en argent de 4 livres d’amsterdam (1952 gr) Kevin Muhlen, directeur artistique du Casino – Forum d’art contemporain: «Je porte mon dévolu sur un objet a priori moins tape-à-l’œil, à savoir sur ce lingot brut [retrouvé dans l’épave du navire Slot ter Hooge de la Compagnie des Indes orientales qui sombra au large de Madère en 1724]. J’aime assez l’idée que l’on puisse ainsi assembler toute sa fortune et la comprimer en un seul bloc, je trouve cela épatant! L’idée que l’on réalise un bloc dépouillé du caractère clinquant associé à la monnaie et à la médaille, simplement brut et juste poinçonné, me parle bien. Cela renvoie en quelque sorte à la mode du tout-portable si en vogue dans notre mode de vie.»