24 museomag   01 ‘ 2015 
LE MURMURE DES MURS 
PORTRAIT PHOTOSENSIBLE D’ERIC CHENAL 
« J’AI EU COMME UNE RÉVÉLATION À 
TRAVERS L’OMNIPRÉSENCE DU VOILE : 
QUELQUE CHOSE QUI CHERCHAIT À SE 
DÉCHIRER... » ENTRETIEN AVEC LE PHO- 
TOGRAPHE ÉRIC CHENAL, QUI DÉVOI- 
LERA SES RÉVÉLATIONS AU GRAND 
PUBLIC LE 19 MARS. 
Photographe à la réputation solidement ancrée au 
Grand-Duché, bien connu des milieux culturels pour 
avoir réalisé des travaux d’auteur dans différents mu- 
sées et bâtiments architecturaux, Eric Chenal s’est vu 
proposer un travail de documentation très personnel 
sur les travaux de réhabilitation dans les maisons patri- 
ciennes adjacentes au MNHA. Ses Révélations consti- 
tueront l’un des points d’orgue de la réouverture de 
l’aile Wiltheim, le 19 mars 2015. 
« Ce n’était pas un lieu très accueillant d’emblée, 
je me suis parfois senti inquiété », confie sans détour 
Eric Chenal au sujet de l’aile Wiltheim, vécue comme 
une « cellule » d’incubation. Corps étranger au milieu 
de divers corps de métiers, Eric néanmoins persévère, 
à l’écoute de ce que cette demeure lui réverbère. Le 
photographe travaille sur le mode de l’empathie : « Un 
lieu fait toujours écho à ce qui nous constitue. » De fait, 
un élément central aura raison de son appréhension : 
« J’ai eu comme une révélation à travers l’omniprésence 
du voile : quelque chose qui cherchait à se déchirer. » 
Cette obsession, il la fera imprimer sur du tarlatane – 
de la toile de chantier -, faisant ainsi écho à ces bâches 
comme pour mieux dévoiler le fruit de son immersion 
dans ce qu’il nomme « l’espace intérieur », en référence 
à un titre éponyme du philosophe et poète français 
Jean-Louis Chrétien, autre révélation qui l’a profondé- 
ment nourri et conforté tout au long du parcours ar- 
tistique et intime entamé pour être au plus près de soi. 
UNE COSMOGONIE RÉVÉLÉE PAR LE COLLECTIF 
« Ces Révélations traduisent mon cheminement, un tra- 
vail personnel du dessaisissement de soi », poursuit-il. 
Une expérience que traduisent au final 30 images sé- 
lectionnées et mises en scène avec la complicité d’un 
tandem : l’architecte-infographiste Bernard Randaxhe 
et le photographe-scénographe Antonin Pons Braley. 
Le concept scénographique préconise un « livrable lé- 
ger aux fins d’une installation nomade, autonome et 
© 
éric 
chenal 
Une des images témoignant de l’expérience « in situ » du photographe au coeur du chantier de l’aile Wiltheim.