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EXPOSITION TEMPORAIRE AU 
CÔTÉ JARDIN ET CÔTÉ COUR 
IMAGES D’UN PAYS SOUVERAIN. 
LE PHOTOGRAPHE CHARLES BERNHŒFT ET L’IDENTITE LUXEMBOURGEOISE 
Quand on évoque la formation d’une « identité na- 
tionale » au Luxembourg, on pense d’abord à l’apport 
de nos poètes et écrivains – Michel Lentz (auteur du 
« Feierwôn »), Edmond de la Fontaine (« Dicks ») et Mi- 
chel Rodange –, de nos compositeurs – Antoine Zinnen 
et Laurent Menager – et de nos artistes – Jean-Baptiste 
Fresez, Nicolas Liez et Michel Engels. Les historiens ne 
manqueront pas de rappeler le rôle des sociétés sa- 
vantes dont les études historiques et scientifiques ont 
largement contribué à faire prendre conscience aux 
Luxembourgeois de leur originalité au cours de la se- 
conde moitié du XIXe siècle. 
Malgré un regain d’intérêt pour l’histoire de la pho- 
tographie un peu partout dans le monde, la place que 
celle-ci occupe dans l’histoire de notre pays depuis 
son indépendance n’a encore jamais fait l’objet d’une 
étude exhaustive. Si au grand-duché, les pionniers du 
nouveau médium – les frères Mehlbreuer, Dominique 
Kuhn, Pierre et Charles Brandebourg, Nicolas Maroldt 
– restent des acteurs plutôt modestes, un nouveau 
venu – le fougueux Charles Bernhœft – chamboule le 
marché national à la fin du XIXe siècle en faisant appel 
à des procédés techniques qui garantissent l’inaltérabi- 
lité des épreuves et permettent leur commercialisation 
à faible coût. 
LA MONARCHIE SOUS LES FEUX DE LA RAMPE 
Promu premier « photographe de la cour » par le 
grand-duc Adolphe, Charles Bernhœft prend à cœur 
sa nouvelle fonction : portraits officiels des souverains, 
photoreportages des Joyeuses entrées et autres céré- 
monies, mais aussi clichés de la vie privée de la famille 
grand-ducale sont exposés dans les vitrines de la rue du 
Génie – le « pignon sur rue » du photographe – devant 
lesquelles défilent les badauds curieux de découvrir à 
la fois les images de leurs souverains, qui séjournent 
la plupart du temps à l’étranger, et d’une vie de cour 
qui s’est jusqu’alors toujours dérobée à leur regard. 
Mais Bernhœft est aussi le premier photographe à 
rendre ses contemporains attentifs aux beautés de 
l’environnement au milieu duquel ils vivent. Les vues 
topographiques réalisées par ses prédécesseurs sont 
Le 17 juillet 1891, le grand-duc Adolphe attribue le premier titre de «photographe de la Cour» à Charles Bernhœft. 
© 
éric chenal