6 museomag 01 ‘ 2015 EXPOSITION TEMPORAIRE AU CÔTÉ JARDIN ET CÔTÉ COUR IMAGES D’UN PAYS SOUVERAIN. LE PHOTOGRAPHE CHARLES BERNHŒFT ET L’IDENTITE LUXEMBOURGEOISE Quand on évoque la formation d’une « identité na- tionale » au Luxembourg, on pense d’abord à l’apport de nos poètes et écrivains – Michel Lentz (auteur du « Feierwôn »), Edmond de la Fontaine (« Dicks ») et Mi- chel Rodange –, de nos compositeurs – Antoine Zinnen et Laurent Menager – et de nos artistes – Jean-Baptiste Fresez, Nicolas Liez et Michel Engels. Les historiens ne manqueront pas de rappeler le rôle des sociétés sa- vantes dont les études historiques et scientifiques ont largement contribué à faire prendre conscience aux Luxembourgeois de leur originalité au cours de la se- conde moitié du XIXe siècle. Malgré un regain d’intérêt pour l’histoire de la pho- tographie un peu partout dans le monde, la place que celle-ci occupe dans l’histoire de notre pays depuis son indépendance n’a encore jamais fait l’objet d’une étude exhaustive. Si au grand-duché, les pionniers du nouveau médium – les frères Mehlbreuer, Dominique Kuhn, Pierre et Charles Brandebourg, Nicolas Maroldt – restent des acteurs plutôt modestes, un nouveau venu – le fougueux Charles Bernhœft – chamboule le marché national à la fin du XIXe siècle en faisant appel à des procédés techniques qui garantissent l’inaltérabi- lité des épreuves et permettent leur commercialisation à faible coût. LA MONARCHIE SOUS LES FEUX DE LA RAMPE Promu premier « photographe de la cour » par le grand-duc Adolphe, Charles Bernhœft prend à cœur sa nouvelle fonction : portraits officiels des souverains, photoreportages des Joyeuses entrées et autres céré- monies, mais aussi clichés de la vie privée de la famille grand-ducale sont exposés dans les vitrines de la rue du Génie – le « pignon sur rue » du photographe – devant lesquelles défilent les badauds curieux de découvrir à la fois les images de leurs souverains, qui séjournent la plupart du temps à l’étranger, et d’une vie de cour qui s’est jusqu’alors toujours dérobée à leur regard. Mais Bernhœft est aussi le premier photographe à rendre ses contemporains attentifs aux beautés de l’environnement au milieu duquel ils vivent. Les vues topographiques réalisées par ses prédécesseurs sont Le 17 juillet 1891, le grand-duc Adolphe attribue le premier titre de «photographe de la Cour» à Charles Bernhœft. © éric chenal