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iNTRoDUCTioN 
Le Christ couronné d’épines et la Mater dolorosa ont bénéficié 
d’une étude et d’un traitement de conservation-restauration 
dans l’atelier de restauration des peintures de l’IRPA entre 
2011 et 2014. Les deux tableaux ont été étudiés afin d’estimer 
leur état matériel et d’envisager un traitement conjoint. 
Les cadres originaux articulés du diptyque avaient disparu et 
le format cintré des deux œuvres avait été transformé pour 
leur conférer un aspect rectangulaire. Les œuvres ont ensuite 
été encadrées pour en faire deux peintures autonomes, vi- 
sibles d’un seul côté. 
Les altérations subies au cours des siècles se situaient au ni- 
veau des supports et des couches picturales. La modification 
de format avait en effet entraîné plusieurs campagnes de res- 
tauration maladroites et des importants surpeints au niveau 
des dorures originales, modifiant la perception générale des 
images et leur signification originelle. 
éTAT 
La surface des peintures sur les faces était ternie par un en- 
crassement qui atténuait les nuances des modelés et les jeux 
d’ombre et de lumière. 
La présence d’un vernis fortement jauni sur le Christ couronné 
d’épines et non sur la Mater dolorosa affaiblissait le lien entre les 
deux figures. La Vierge, dont les carnations sont plus usées, 
semble avoir, plus que son pendant, souffert d’anciens net- 
toyages drastiques. Des jutages dans la partie droite du visage 
dissimulaient des zones plus altérées de la composition. 
Les fonds dorés étaient uniformes, plats et surpeints, sur l’en- 
semble de la surface des deux panneaux, ce qui avait entraîné 
une perte de perception des figures dans l’espace; les person- 
nages semblaient découpés et appliqués sur un fond doré. 
Ainsi, les terminaisons de la couronne d’épine du Christ 
avaient été raccourcies et les contours de la chevelure mala- 
droitement repris et retouchés. 
Les revers, décorés d’une très belle marbrure rouge et brune, 
ont été négligés, mais ils ont été épargnés d’interventions ina- 
daptées. Les marbrures peintes en trompe-l’œil présentaient 
un fort encrassement, ne permettant plus d’en apprécier la 
lecture. L’importante lacune située au revers du volet gauche 
et les nombreuses altérations sont principalement liées à des 
manipulations inappropriées et à un manque de considéra- 
tion. 
TRAiTEMENT 
Les parties fragilisées de la couche picturale ont été refixées. 
Pour les faces, un premier décrassage des couches picturales 
a mis en évidence les qualités plastiques potentielles des fi- 
gures. 
Le nettoyage a été envisagé afin de permettre le rapproche- 
ment des deux œuvres tant au niveau matériel qu’esthétique. 
Cela a été réalisé grâce au dévernissage et à l’enlèvement des 
retouches et jutages sous-jacents situés notamment au niveau 
du visage de la Mater dolorosa. Le nettoyage de cette dernière 
a permis de reconsidérer l’attribution initiale de l’œuvre dé- 
sormais considérée comme de la main d’Albrecht 
Bouts1. 
Des essais de dégagement des fonds dorés originaux ont éga- 
lement été réalisés. Sous la dorure ajoutée tardivement, une 
mixtion jaune ocrée a été observée. Sous cette dernière, des 
mastics blancs débordants et une mixtion verdâtre ont loca- 
lement été identifiés, ainsi que d’anciens vernis, autant de 
traces des diverses campagnes de restauration. Les fenêtres 
Le	Traitement	de	conservation	et	de	restauration	du	diptyque	 
du	Musée	national	d’histoire	et	d’art	du	Luxembourg 
Le	Christ couronné d’épines	et	la	Mater dolorosa	attribué	 
à	Albrecht	Bouts 
Un rapprochement vers la fonction et l’unité originelle 
Livia	Depuydt-Elbaum 
1 
 Valentine Hendriks, Albrecht Bouts (1451/55-1549), Contribution à l’étude des 
Primitifs flamands, 10, Louvain, 2011, p. 249-263.