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Comment	être	de	son	temps	? 
Jean-Luc	Mousset 
La rénovation de l'Aile Wiltheim du MNHA par le Fonds 
de Rénovation de la Vieille Ville a été une bonne occasion 
de repenser la section Arts décoratifs et populaires qui est 
consacrée à un volet de l’histoire de la civilisation au Luxem- 
bourg. Afin de pouvoir être utile à la société d'aujourd'hui, 
les concepteurs de la nouvelle exposition permanente ont 
recouru à une stratégie de modernisation. Celle-ci prend 
en compte deux faits actuels, l’un d’ordre général, la mon- 
dialisation, et l’autre particulier, un aspect de la vie socio- 
économique du Luxembourg. Ces choix orientent de façon 
souple le concept muséal sans l'enfermer dans un discours 
monolithique. La présentation fait également appel à plu- 
sieurs disciplines dont l’histoire culturelle, l’histoire de l’art, 
l’histoire sociale et l’histoire économique. 
Toutefois cette ouverture au monde actuel ne détermine pas 
fondamentalement le contenu de l'exposition. Celle-ci veut 
donner une réponse à deux questions qui ne sont pas propres 
à notre époque : quelles ont été les manières d'habiter au 
Luxembourg ? Quels ont été ses arts appliqués ? La présen- 
tation a été divisée en deux grands chapitres chronologiques 
présentant chacune des approches différentes. Ces dernières 
restent également très classiques. Le champ géographique 
couvre le Grand-Duché actuel. 
La première partie traite le Luxembourg sous l’Ancien Ré- 
gime, à une époque où il forma le centre d’une province 
pauvre qui n’a pas participé à l’essor des Pays-Bas du Sud. 
Les manières d'habiter sont essentiellement présentées sous 
l'angle de l'hiérarchisation sociale des intérieurs qui sont 
nobiliaires, bourgeois ou ruraux. Ce qui est moins habituel, 
c'est de réunir dans un même musée les trois milieux sociaux 
cités. La deuxième partie est consacrée à un petit État de- 
venu indépendant au 
19e 
siècle et prospère au 
20e 
siècle. Elle 
reprend comme fil conducteur la succession des styles, ce 
qui est souvent le cas des musées des arts décoratifs. Trois 
raisons expliquent pourquoi l’approche n’a pas été la même 
pour l’ensemble de l’exposition. L'architecture historique in 
situ n’offre en effet une bonne adéquation entre contenant 
et contenu que pour la première partie, les collections dis- 
ponibles sont inégales et enfin, l'état des connaissances est 
insuffisant pour certaines périodes et rend difficile la formu- 
lation d’un discours équilibré. 
Pour être de son temps, il faut s'intéresser à son époque. Au- 
jourd'hui, la mondialisation des échanges économiques et des 
informations exerce une influence déterminante sur les ma- 
nières d'habiter et les arts appliqués du monde occidenta lisé. 
Le succès du design des créateurs et du design de masse en 
constitue une preuve éclatante. De même, l’interconnexion 
croissante au niveau planétaire, européen et, pour le Luxem- 
bourg également au plan de la Grande Région, a ravivé le 
débat identitaire. 
La nouvelle présentation porte comme titre « De Mansfeld 
au design (1500-2014) » et comme sous-titre « Les manières 
d'habiter et les arts appliqués au Luxembourg, une voie origi- 
nale ? ». Le titre associe Mansfeld, un personnage de l'histoire 
du Luxembourg, à un concept plus universel, le design. La 
question finale sous-entend également une dualité puisque 
le spécifique se définit par rapport au général. En effet, l'en- 
semble du discours de l'exposition repose sur un arrière-fond 
local – international. La question du sous-titre sert de fil con- 
ducteur à une présentation qui avait besoin d'un thème fédé- 
rateur à cause de la grande diversité des sujets traités et des 
collections présentées. Au fur et à mesure qu'il parcourt les 
salles, le visiteur recevra des éléments de réponse à cette ques- 
tion. À la fin, il pourra confronter ses propres impressions et 
réflexions à une conclusion qui lui sera proposée. 
Les responsables souhaitent attirer un public « mobile », c’est- 
à-dire un public qui est intéressé à comparer l’histoire et l’art 
du Luxembourg à ce qu’il a pu voir pendant ses voyages ou 
pendant ses séjours à l’étranger. Ceci se fera par le choix des 
objets/thèmes, par la formulation des thèmes et par la rédac- 
tion des textes d’accompagnement adaptés en conséquence. 
Ce public contemporain mérite d'être traité comme une 
cible puisque son nombre va s'agrandir à l'avenir du fait d'un