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INTRODUCTION 
Les archives documentaires du dentiste luxembourgeois 
Dr. Ernest André Schneider (1885 – 1954), acquises en 
2002 par le Musée National d’Histoire et d’Art (MNHA) 
à Luxembourg (LE BRUN-RICALENS 2003 et 2005), 
contiennent entre autres quelques 450 lettres provenant de 
plus de 150 scientifiques ayant travaillé dans le domaine de la 
préhistoire et de l’art pariétal au début du 
20e 
siècle. L’étude 
de ces archives, notamment du fonds épistolaire se fait ac- 
tuellement dans le cadre d’une thèse de doctorat entamée en 
automne 2009 en cotutelle entre l’Université du Luxembourg 
et l’Université Libre de Bruxelles et en collaboration avec le 
Service d’Archéologie préhistorique du Centre National de 
Recherche Archéologique (CNRA) au sein du MNHA. 
L’objectif de la présente contribution est d’illustrer une des 
approches utilisées dans l’analyse des correspondances entre 
Ernest Schneider (SCHNEIDER 1939 ; SCHNEIDER, 
HEUERTZ 1968) et l'abbé Henri Breuil (1877 – 1961), Re- 
née Doize et James Baudet (1910 – 2000) à savoir l’analyse 
de réseaux. Celle-ci rend possible une étude qualitative de la 
constitution du corpus épistolaire. 
Bien que composé de près d’un demi-millier de docu- 
ments, le corpus conservé dans le fonds E. Schneider (n° 
inv. CNRA-MNHA 2002-13) s’avère incomplet. Souvent 
soit la réponse, soit la requête font défaut. Cependant, 
les données sont estimées suffisantes pour pouvoir illus- 
trer l’application de l’analyse de réseaux dans ce contexte. 
Le recueil compte actuellement trois lettres de R. Doize 
(ESPM.2009.0961 
– ESPM.2009.103), six lettres de J. Bau- 
det (ESPM.2009.043 – ESPM.2009.50) et douze lettres de 
H. Breuil (ESPM.2009.331 – ESPM.2009.346) adressées à 
E. Schneider. De plus, la Bibliothèque Centrale du Musée 
National d’Histoire Naturelle (MNHN) à Paris conserve 
deux lettres d’E. Schneider à H. Breuil (ESPM.2009.348 – 
ESPM.2009.349) dans le Fonds Breuil. Tous ces échanges 
sont rédigés en langue française. 
La méthode de l’analyse de réseaux classique est issue du 
champ disciplinaire des sciences sociales (ZAPHIRIS, 
PFEIL 2007). À l’origine, elle a été développée pour servir 
à l’étude d’interviews faites lors de recherches sur le terrain, 
par exemple en ethnologie ou en sociologie. L’application 
interdisciplinaire de cette méthode devient de plus en plus 
courante. Des chercheurs d’autres disciplines, tels que les 
sciences politiques, l’utilisent depuis plusieurs décennies. 
Dans ce cas, le chercheur aura au préalable élaboré un ques- 
tionnaire sur lequel il s’appuie lors des sondages ou que les 
interviewés devront remplir. Les questions et les réponses 
sont ensuite « codées » (p. ex. avec les logiciels Atlas.ti© ou 
SPSS©) selon un système établi par le chercheur, puis enco- 
dées afin de pouvoir être analysées. Ce qui prime dans cette 
méthode est le besoin de clairement définir les notions et les 
codes utilisés pour éviter toute confusion dans l’interpréta- 
tion. 
Cette approche fait la distinction entre réseaux égocentrés et 
réseaux globaux (HEIDLER 2008 ; DAUSER 2008 ; DIAZ- 
BONE 2006). Dans le cadre de l’étude des documents du 
fonds E. Schneider, nous travaillons essentiellement avec des 
réseaux égocentrés. 
L’ANALySE	DE	RéSEAUX	éGOCENTRéS 
Cette dernière décennie, l’application interdisciplinaire de 
l’analyse de réseaux devient de plus en plus courante en parti- 
culier dans les sciences humaines. Les disciplines historiques 
commencent également à l’utiliser dans le but de l’appliquer 
à des sources, tels que des correspondances ; de même qu’en 
généalogie afin d’établir des relations entre familles (PAD- 
GETT 1993 et 2010). Pour le présent propos, l’étude de ré- 
seaux est utilisée pour rendre visible les contacts entre les 
scientifiques ayant été en relation épistolaire avec E. Schnei- 
der. Une difficulté dans la réflexion vient de l’absence d’inter- 
views avec les acteurs. Néanmoins, celles-ci sont substituées 
Une	approche	novatrice	pour	l’étude	d’archives		 
épistolaires	:	l’analyse	de	réseaux	(égocentrés)	appliquée		 
à	la	correspondance	archéologique	du	Dr.	Ernest	Schneider Conny	Reichling