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INTRODUCTION 
En Europe, bien que la découverte archéologique d’ou- 
tils en incisive isolée de castor ou avec son hémi- 
mandibule ne soit pas une rareté (RACHEZ et PETRE- 
QUIN, 1997), au Grand-Duché de Luxembourg, toutes 
périodes confondues, aucune pièce n’était connue. Il s’avé- 
rait donc opportun de présenter cet exemplaire inédit prove- 
nant du site mésolithique de Loschbour, sur la commune 
d’Heffingen. Cette pièce bien que décrite par l’archéozoo- 
logue Jean-Marie Cordy (1982) n’avait pas été identifiée 
comme un outil lors de l’étude de la faune du gisement. 
Par ailleurs, une datation 14C récente par SMA a confirmé 
son âge mésolithique. Pour l’historique des fouilles de ce gi- 
sement important et le contexte de découverte du matériel 
mésolithique qui ont déjà été longuement exposés, nous ren- 
voyons le lecteur aux publications existantes (HEUERTZ 
1950 ; HEUERTZ 1969 ; CORDY 1982 ; GOB 1982 ; GOB 
et al. 1984 ; HOLT 2001 ; BROU 2006 ; SCHROEDER et al. 
2006 ; LE BRUN-RICALENS et al. 2007 ; TOUSSAINT et 
al. 2009 ; TOUSSAINT et al. 2011 ; DELSATE et al. 2011a, 
DELSATE et al. 2011b). 
LE	CAstor fibEr	(LINNé,	1758)	AU	LOSCHBOUR 
Le castor est le plus gros rongeur d’Europe. Il peut atteindre 
1 m de long pour un poids moyen de 21 kg chez 
l’adulte1. 
C’est un animal de mœurs nocturnes, strictement végétarien. 
Au Loschbour, l’espèce Castor fiber n’est représentée que par 
un seul élément osseux à savoir une hémi-mandibule gauche 
(CORDY ibid.). Il n’y a ce jour pas d’autres restes reconnus. 
Il est impossible de savoir, en raison de l’ancienneté des 
fouilles et des méthodes expéditives de l’époque, si les restes 
du squelette de ce rongeur était plus abondants (chasse, mort 
naturelle) ou s’il faut considérer cette pièce comme un élé- 
ment unique qui a pu être apporté sur le site. Bien que cet 
abri-sous-roche se situe à quelques mètres de la rivière Ernz 
noire, cela n’implique pas obligatoirement la présence de 
colonies de castors à proximité. 
LA	CHASSE	DU	CAstor fibEr 
Le castor européen est fréquemment présent dans les spectres 
fauniques des sites en bord de cours d’eau du Mésolithique 
européen dès le Mésolithique ancien (SPIKINS 1999). Cet 
animal était chassé pour sa fourrure, sa 
graisse2 
et ses inci- 
sives (fig.	1). Il semble que les meilleures saisons pour capturer 
l’animal aient été l’hiver et le printemps, périodes où l’animal 
présente une baisse d’activité ou est en léthargie (SPIKINS 
ibid.). Il peut alors être facilement capturé avec des pièges à 
des endroits précis ou directement dans les loges. Il a été chas- 
sé intensivement en Europe pour sa fourrure et ses glandes 
à castoréum pour la parfumerie, entraînant son extinction 
dans beaucoup de pays. Au Grand-Duché de Luxembourg, 
la date exacte de son extinction n’est pas connue. Le castor 
était néanmoins présent dans nos régions jusqu’au 
17e 
siècle 
et peut-être au-delà (SCHLEY et al. 2001). En Belgique, 
l’espèce est considérée comme éteinte à la fin du 
19e 
siècle. 
fig.	1		Crâne de Castor fiber, collections du Musée d'Archéologie Nationale 
(MAN) à Saint-Germain-en-Laye (© Jean-Pierre Fagnart). 
Un	outil	naturel	:	l’incisive	de	castor. 
Un	exemplaire	mésolithique	inédit		 
au	Grand-Duché	de	Luxembourg Laurent	Brou