134 Bilan de l’exposition Un prince de la Renaissance, Pierre-Ernest de Mansfeld (1517-1604), du 18 avril au 10 juin 2007 au MNHA Jean-Luc Mousset et Ulrike Degen Il est exceptionnel que de grandes expositions patrimoniales soient organisées au Luxembourg. Celle intitulée Un prince de la Renaissance, PierreErnest de Mansfeld (15171604) correspond à la démarche du MNHA qui associe étude approfondie ou systématique et exposition temporaire. Son objectif est de re- nouveler notre vision du passé luxembourgeois afin de mieux le situer dans un contexte international. L’exposition s’inscrivait parfaitement dans la thématique du dépassement des frontières, qui était celle de « Luxembourg et Grande Région, Capitale européenne de la Culture 2007 ». Quoi de plus cosmopolite en effet que ce prince allemand, gouverneur du Luxembourg pendant 59 ans, protagoniste de la reconquête de la Belgique, protecteur de la couronne de France et enfin mécène de la Cour d’Espagne ? Pour la pre- mière fois, une exposition (sur une surface d’environ 850 m2) retraçait la vie mouvementée de ce chevalier de la Toison d’or, présentait les résultats spectaculaires des fouilles de son château et montrait une sélection d’objets et d’œuvres ras- semblés par cet amateur d’art éclairé que fut Mansfeld. La publication en 1930 de la biographie de Mansfeld par Joseph Massarette a constitué la première grande étape dans les recherches mansfeldiennes. Celles-ci ont été poursuivies par Othon Scholer qui s’est avant-tout inté- ressé à la description du château par Jean Guillaume Wil- theim. La chance de pouvoir effectuer des fouilles sur le site de son château et l’année culturelle 2007 ont amené le MNHA à relancer la recherche sur ce haut dignitaire du XVIe siècle. Cette initiative a en quelque sorte réveillé une « Belle au bois dormant ». Un colloque organisé en 2004 a pré- senté le site méconnu à la communauté scientifique internatio- nale. Dès le début, l’entreprise a été menée dans le cadre d’une collaboration internationale, principalement sous l’impulsion de la professeur Krista De Jonge, de la Katholieke Universi- teit Leuven. De son côté, en plus de l’investissement des res- ponsables du projet, le MNHA a fait un effort financier par- ticulier : d’une part, en subventionnant plusieurs campagnes de fouilles, et d’autre part, en engageant deux historiens pour travailler dans les archives, l’un à Bruxelles et à Madrid, l’autre à Luxembourg. Les résultats de ces recherches pluriannuelles on été publiées dans un catalogue volumineux en deux tomes. Dans le pre- mier, le MNHA s’est fait éditeur des textes anciens inédits qu’il a trouvés aux Archives nationales de Luxembourg. La description pièce par pièce du château de 1604, l’une des dé- couvertes fondamentales, a même été reproduite en photos couleur afin de simplifier d’éventuelles recherches ultérieures. Chaque page ainsi présentée est en outre accompagnée de sa traduction en français. Les autres textes en espagnol ont également été traduits en français. Quant à la description en latin du château par J. G. Wiltheim, elle a été éditée en fran- çais par Othon Scholer. Le deuxième tome réunit vingt-trois contributions consacrées à la carrière militaire et politique de Mansfeld et à son rôle de mécène et de grand amateur d’art. Face à une moisson extrêmement riche et dense en nouvelles informations, il nous a paru utile d’en rappeler brièvement quelques-unes. Dorénavant, le château et les jardins de Clausen ont leur place dans l’Europe de la Renaissance où le Luxembourg figurait jusque-là comme « terra incognita ». Sur le plan de l’histoire de la fortification, le rôle qu’entrete- nait Mansfeld avec les ingénieurs militaires est mieux connu. L’approche interdisciplinaire des recherches s’est avérée extrê- mement fructueuse. Ainsi, les sources d’archives contenaient beaucoup d’indices pour les fouilles et pour l’interprétation des vestiges. L’établissement d’une chronologie en partie très précise n’était possible que grâce aux résultats des fouilles combinés aux informations des archives. Aujourd’hui, le châ- teau à Clausen est très bien documenté par les textes et, en partie, par l’archéologie. Nous savons que, par son ampleur, son éclat et les nouveautés mises en œuvre, il a fait partie des grandes réalisations princières des anciens Pays-Bas. En résumé, Mansfeld a été novateur sur trois points :