126 Une cafetière européenne à décor extrême-oriental Jean-Luc Mousset Le café, le thé et le chocolat arrivent en Europe à travers l’en- thousiasme des grands voyages. Alors que le thé et le cho- colat demeurent marginaux, le café s’impose en France, en Allemagne, en Belgique et au Luxembourg rapidement comme une boisson indispensable à la vie bourgeoise. De nombreux modèles de cafetières en argent et en céramique sont alors inventés dans ces pays. Ceux qui sont fabriqués en céramique sont souvent ornés de motifs extrême-orientaux ou d’inspiration extrême-orientale, bien que le café provienne d’autres régions du monde comme la Turquie, l’Arabie ou les Antilles. La cafetière que le MNHA a pu acheter en 2008 date d’envi- ron 1780 et a été produite à la manufacture de terre de pipe ou faïence fine de Septfontaines. Elle surprend par son hau- teur exceptionnelle de 29 cm. Sa forme tronconique à bas de panse arrondie, rare chez les Boch, ne dénote aucune influence particulière à l’exception des anses torsadées qui sont une mode empruntée aux faïences fines anglaises. La chaînette d’argent reliant le couvercle au bec et à l’anse, ainsi que la garniture du bec et le fretel en argent, sont des ajouts postérieurs. L’objet est orné en camaïeu bleu du décor ronda. Celui-ci se compose de deux branches fleuries asymétriques posées sur une terrasse présentant une grosse fleur épanouie. D’ori- gine chinoise ou Kakiemon, le ronda a été adopté vers 1750 par la manufacture de porcelaine tendre de Tournai. Il est même devenu son motif bleu le plus célèbre. Septfontaines le reprend à Tournai et l’appose des années 1775 à 1787 sur de la terre de pipe émaillée. Ceci illustre la volonté de deux producteurs, sans doute concurrents, de gagner la faveur d’un même genre de clientèle, chacun avec une matière céramique propre à sa manufacture.< BIBLIoGRAPHIE MoUSSET Jean-Luc – Faïences fines de Septfontaines. Décors floraux de 1767 au début du XIXe siècle. Catalogue de l’exposition ; Luxembourg, Banque Générale du Luxembourg, Luxembourg 1989, p. 49 et 53.