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La grotte-diaclase de la Karelslé se développe sur la commune 
de Waldbillig, au lieu-dit « Heringerboesch ». Située dans la 
vallée du Müllerthal sur la rive gauche de l’Ernz Noire, le 
long d’un versant d’un plateau de « grès du Luxembourg » 
(fig.	1), cette cavité, orientée nord-sud, correspond à une faille 
étroite diaclasique subrectiligne d’une quarantaine de mètres 
de long pour quatre à cinq mètres de large. Elle a fait l’ob- 
jet de fouilles archéologiques au début du 
XXe 
siècle et de 
fouilles clandestines entre et après guerre. Suite au contrôle et 
suivi systématique des cavités naturelles luxembourgeoises, 
en raison de l’intérêt potentiel du site, plusieurs campagnes 
de fouilles archéologiques de sauvetage furent menées par la 
Section Préhistoire du Musée National d’Histoire et d’Art 
entre 1991 et 1998. Ces investigations ont permis de mettre 
au jour des occupations attribuables au Mésolithique ancien, 
au Néolithique moyen, au Chalcolithique, à l'âge du Bronze 
final, à l’âge du Fer, à la période gallo-romaine et au Moyen- 
âge (Le Brun-Ricalens 1993 ; Le Brun-Ricalens et al. 2005 : 
p. 107). 
CoNTEXTE	STRATIGRAPHIqUE 
Le remplissage sédimentaire se développe sur près de 6 m 
de puissance. Si les unités stratigraphiques (u.s.) inférieures 
du Néolithique (u.s. 18) et du Bronze final (u.s. 15-16) sont 
bien conservées et les mieux documentées, celle de l’âge du 
Fer (u. s. 14) a été en grande partie détruite par les fouilles 
exploratoires anciennes (fouilles en « entonnoir » de N. Van 
Werveke vers 1908-1909), ainsi que par de grands animaux 
fouisseurs comme les blaireaux. La fouille de l’horizon 14 
a livré un matériel in situ peu abondant. Néanmoins, avec 
l’important mobilier issu des fouilles anciennes, cet ensemble 
céramique, composé essentiellement de formes domes- 
tiques (jattes, bols, écuelles…), est attribuable à la culture de 
Hunsrück-Eifel (Haffner 1976). Parmi les quelques récipients 
décorés, un individu céramique singulier presque entier se 
démarque de ce corpus céramique par sa morphologie, son 
décor et le soin de sa finition. 
APPRoCHE	DESCRIPTIVE 
Il s’agit d’un vase complet à large ouverture, au col évasé sans 
bord à lèvre arrondie, à carène vive, et pied creux (fig.	2). De 
couleur terre-de-sienne foncée, il est techniquement investi : 
cuisson réductrice, faible épaisseur de la paroi, lustrage ex- 
trêmement fin (poli à « cuir ») de la paroi extérieure, lissage 
de la paroi intérieure, décor couvrant d’incisions mousses 
de la partie haute du récipient. Ce dernier est constitué d’un 
répertoire géométrique (chevrons doubles) formé de motifs 
rectilignes dont la déclinaison forme des frises, délimitées par 
des lignes horizontales. Par sa forme au profil brisé (fig.	3), il 
correspond en fonction des chercheurs au « vase élancé à pro- 
fil anguleux » (Thénot 1982), au « vase caréné tronconique » 
(Rozoy 1993), au « gobelet caréné » (Delnef 2003), ou encore 
au « vase caréné à col » (Demoule 1999). Nous utiliserons 
celle plus consensuelle définie par ce dernier. Il s’agit ici d’un 
sous type de vase caréné à col haut, celui à piédestal (sous 
type 5234) : « Ces vases ont le profil général du type 5231 [forme 
« classique », la plus profilée], à carène haute, mais de dimensions 
nettement plus importantes, richement ornés, et reposant sur un large 
pied conique creux » (Demoule 1999 : p. 27 et fig. 2.15 : p. 344). 
CoMPARAISoNS	RéGIoNALES 
Avec ses proportions élancées et son pied creux, le vase de la 
Karelslé présente de nombreuses comparaisons dans la culture 
de l’Aisne-Marne (Hatt et Roualet 1977 ; Demoule 1999 ; Villes 
1999 : p. 12), comme les exemplaires champenois de Somme- 
Suippe (Thénot 1982 : p. 117 n° 1), de Charmont et Saint-Ré- 
my-sur-Bussy (Thénot 1982 : p. 105, n°1 à 5). D’autres analo- 
gies peuvent être effectuées avec certains récipients plus petits, 
notamment les gobelets bitronconiques du sous-groupe méri- 
dional du Groupe des Ardennes belges (Cahen-Delhaye 2001), 
comme celui non décoré découvert à Léglise-Gohimont (G13) 
Contribution	à	l’étude	du	début	du	second	âge	du	Fer	 
luxembourgeois	:	un	vase	caréné	de	type	«	marnien	»		 
en	contexte	Hunsrück-Eifel,	dans	la	grotte-diaclase		 
de	la	Karelslé	(Waldbillig) 
Foni	Le	Brun-Ricalens,	Théophane	Nicolas1	et	Katinka	Zipper2 
 1 
 Unité Mixte Recherche 7041 du CNRS, ArScAn Protohistoire européenne. 
 2  Archéosphère.