12 Reconstitution d’une tente de chasseurs-cueilleurs paléolithiques L’exemple muséographique de l’exposition Eiszeiten Laurent Brou, Carine Welter, Freddy Nober, Henri-Georges Naton et Foni Le Brun-Ricalens INTRoDUCTIoN Le Musée national d’histoire naturelle a présenté du 3 décembre 2004 au 18 septembre 2005 une exposition sur les glaciations intitulée Eiszeiten. Cinq grands thèmes ont été abordés : les théories et mécanismes des glaciations, une évocation de la végétation dans un contexte périglaciaire à travers la réali- sation d’une serre froide avec des espèces in vivo, la faune et son adaptation au froid, un espace consacré aux insectes et aux zones refuges et enfin un dernier espace consacré à la vie de l’Homme préhistorique dans le milieu glaciaire (Eis- zeiten, 2005). Afin de traiter ce dernier thème, le MNHN a sollicité la collaboration du Service d’archéologie préhis- torique du MNHA pour la réalisation de la salle consacrée aux chasseurs-cueilleurs préhistoriques. Les contacts initiés longtemps à l’avance pour cette exposition qui aura duré 10 mois ont permis au Service d’archéologie préhistorique de s’organiser et de préparer au mieux le projet, en coopération étroite avec le service de muséographie du MNHN dirigé par Simone Backes. Les points généraux de la scénographie et le synopsis ont été élaborés de concert. Pour symboliser le mode de vie nomade dans le milieu froid, il fut décidé que l’un des points principaux serait la reconstitution, en 3 dimensions et à l’échelle 1:1, d’une tente de plein air de chasseurs-cueilleurs magdaléniens (Sacchi, 2003). Outre la recherche documen- taire et la rédaction de textes pour les panneaux, le Service d’archéologie préhistorique s’est chargé de concevoir, fabri- quer et monter cette reconstitution grandeur nature. LA RECHERCHE SUR LES STRUCTURES D’HABITAT Ce type de reconstitution est toujours, pour les préhistoriens, un exercice délicat. Les chercheurs connaissent en réalité très peu de choses sur les habitats préhistoriques (Yar et Dubois, 1999). Lorsque de tels vestiges sont fouillés, ils ne restent au sol, le plus souvent, que des éléments matériels de l’occupa- tion qui ont résisté aux dégradations physico-chimiques. Ils se matérialisent par des concentrations de vestiges lithiques et osseux, des structures de combustion ordonnancées qui semblent organiser des espaces. C’est l’étude et l’organisation de ces différents aspects qui permettent aux chercheurs de déceler l’existence d’un habitat structuré et les indices d’une éventuelle structure aérienne. Comme il ne reste aucun té- moignage de cette « toiture », ce sont des effets de paroi avec des concentrations de vestiges, dont un bord présente une li- mite régulière et nette avec un espace vide, des aires de circu- lation dégagées, des pierres de calage présentant une disposi- tion subcirculaire, voire quadrangulaire (fig.1), qui permettent de telles interprétations (Leroi-Gourhan et Brézillon 1972 ; Jöris et Terberger, 2001 ; Sensburg 2004). Par conséquent, si l’identification d’un habitat est difficile, il l’est doublement lorsqu’il s’agit d’en proposer une reconstitution en trois di- mensions. fig. 1 Le Closeau (Rueil-Malmaison, France), plan d’une occupation à couronne de pierres et foyer central de l’Azilien ancien, cet exemple tendrait à montrer des permanences dans l’habitat depuis le Magdalénien (del. I. Pasquier et N. Gomes in Bodu et Bemilli 2000).