144 de France. Elle a permis de situer Kutter dans un contexte européen. C’est d’abord dans les paysages et les bouquets de fleurs qu’apparaissent chez Kutter les tendances expressionnistes, et le Vlaminck d’après 1918 y exerce une certaine influence. Kutter, dans des paysages aux fortes perspectives linéaires et notamment dans ses vues enneigées ainsi que dans ses fleurs, crée des compositions et des formes moins convulsées et plus solides. L’Allemagne, où l’artiste luxembourgeois était installé pen- dant quelques années et où il retournait fréquemment, est loin de jouer le rôle que tiennent la France et la Belgique dans son œuvre. L’expressionnisme de Kutter, qui s’intensifie au cours de la vie du peintre, se ressent plutôt d’influences fran- çaises et flamandes. C’est la figure humaine qui occupe une place de choix chez Kutter. Il se compare moins à un Allemand comme Hofer, qui ne méprise pas l’anecdote, qu’à des Français comme Gromaire qui se soucient essentiellement de la forme. Sa riche palette, semblable aux feux qui couvent sous la cendre, l’écarte des expressionnistes flamands, de Permeke notam- ment. Kutter apprécie cependant le monumental du chef de file de l’expressionnisme belge. Enfin, si ses clowns incitent à penser à Rouault, il faut reconnaître que les deux peintres diffèrent de façon notable. Les clowns de Kutter sont plus tristes, plus désespérés que ceux du maître français. Malgré des influences diverses, il est indéniable que Kutter, vivant en solitaire à Luxembourg, a su affirmer son originalité, surtout dans le domaine de la couleur. VOLé ET IMMERGé DANS LE RHIN – LE TRéSOR DES BARBARES du 22 septembre au 9 décembre 2007 Pendant plus de 1700 ans il était immergé dans les flots du Rhin ! L’exceptionnel « trésor des Barbares » trouvé près de Neupotz en Palatinat (à 30 km de Spire) est la plus impor- tante découverte métallique en Europe datant de l’époque romaine. Ce trésor est composé de plus de mille objets en argent, en bronze, en laiton et en fer, et pèse plus de 700 kilos. Il se compose d’objets métalliques très divers : offrandes vo- tives, armes, monnaies, vaisselle de table et de cuisine, outils, accessoires de bateau et de char. Le Musée national d’histoire et d’art à Luxembourg présen- tait, dans le cadre d’un projet international, en collaboration avec des musées d’Allemagne, de France et de Belgique, les multiples facettes de cette découverte. Les visiteurs pou- vaient découvrir dans cette grande exposition l’une des plus passionnantes périodes de l’histoire romaine qu’ont fait revivre des décors spectaculaires. Le trésor date d’une période où l’Empire romain traversait une crise sévère : les Barbares menaçaient la frontière nord- ouest de l’Empire. Les Germains, poussés par la convoitise et leur état de dénuement, forcent le limes romain pendant la deuxième moitié du IIIe siècle et envahissent la Rhétie, partie de l’actuelle Bavière, ainsi que les provinces germaniques et gauloises de l’Empire romain. Les fermes, les agglomérations et les sanctuaires sont pillés. Pendant leur raid, les intrus at- teignent le centre de la Gaule et avancent même jusqu’au pied des Pyrénées. Un détachement de la flotte romaine du Rhin, se tenant aux aguets, essaie d’empêcher les Germains de traverser le fleuve avec leur butin. Pendant le combat qui s’ensuit, une partie du butin disparaît dans les flots. À côté du trésor de Neupotz, plusieurs autres découvertes étaient présentées dans l’exposition : les offrandes votives et les bijoux du trésor de Hagenbach (près de Karlsruhe). Une pièce maîtresse de l’exposition a été l’autel d’Augsbourg, l’un des rares monuments en pierre dont l’inscription constitue un témoignage précis des invasions germaniques. La riche tombe germanique de Leuna (en Saxe-Anhalt), avec son mobilier funéraire composé d’objets romains, prouve que les envahis- seurs germaniques réussissaient aussi parfois à atteindre la rive opposée du Rhin et à regagner leurs régions d’origine. Le Musée national d’histoire et d’art à Luxembourg présen- tait, en complément de l’exposition conçue par le Musée