42 Un atelier de potier du Ier siècle après J.-C. dans l’oppidum trévire du Titelberg Jeannot Metzler et Catherine Gaeng La prospection géophysique et aérienne a révélé l’existence d’un fossé rectiligne dans le secteur occidental du plateau du Titelberg (fig. 1). Ce fossé étroit qui tourne à angle droit, butte à l’ouest et au sud contre le rempart de contour et sépare un espace d’environ 10 hectares de l’habitat gaulois. Comme on retrouve régulièrement des éléments à caractère militaire romain dans l’abondant mobilier archéologique du Titelberg, on pouvait supposer que venait d’être découvert le camp d’une garnison romaine à l’intérieur de la ville celtique. Les fouilles réalisées depuis 2003 à cet endroit ont effecti- vement permis de mettre en évidence une organisation de l’espace et des bâtiments qui se distinguent nettement des habitations et ateliers des artisans et commerçants gau- lois de l’oppidum. On remarque un mélange de bâtiments sur poteaux et de constructions sur sablière basse. De longs portiques semblent entourer une cour intérieure. Plusieurs bâtiments possédaient un enduit intérieur peint et un sol en opus spicatum. Dans un secteur de la fouille se concentrent des fosses à purin, similaires à celles de camps de détachements de cavalerie romaine. Le mobilier archéologique se distingue aussi de celui du reste du site. Les éléments d’équipement militaire romain sont fré- quents. La concentration d’amphores républicaines est excep- tionnelle. Les dernières formes de céramique campanienne côtoient les premiers vases de terre sigillée et des gobelets à parois fines d’Italie. La nourriture carnée des habitants de ce secteur était de bien meilleure qualité que celle des quartiers gaulois. Enfin, la concentration de styles en os et de boîtes à sceaux atteste que l’on y écrivait beaucoup et que l’on y scel- lait des textes importants. Tous ces éléments indiquent que nous sommes en présence d’un contexte archéologique inédit pour le moment. Malgré la présence de légionnaires et proba- blement aussi d’auxiliaires, ainsi que d’éléments de cavalerie romaine, il semblerait toutefois que nous n’ayons pas affaire à un véritable camp comme ceux que l’on connaît pour des époques plus tardives. L’organisation de l’espace plaide plu- tôt pour une installation à fonction multiple, tel un premier petit centre administratif et commercial romain, gardé par des détachements militaires. La chronologie des structures est également remarquable. L’abondant mobilier archéolo- gique permet de situer leurs débuts probablement encore dans la décennie qui a suivi la Guerre des Gaules. Mais malgré le grand nombre de transformations architecturales qu’elles ont subies, elles ne sont restées en place qu’une bonne vingtaine d’années. Comme les fouilles de ce secteur sont encore en cours, il se- rait prématuré d’entrer plus dans les détails avant une étude exhaustive. Ce qui est remarquable également, c’est que le secteur n’a jamais été englobé dans le vicus gallo-romain après le dé- montage de ces installations officielles. Aussi les structures plus tardives, très érodées il est vrai, sont–elles pratiquement inexistantes à l’exception d’un atelier de potier et d’une petite cave (fig. 2). La cave creusée dans le rocher calcaire en place et dotée de quatre marches taillées dans l’axe du côté nord-ouest, a une longueur de 2,50 m sur 2,20 m de large. La profondeur conservée est de 1,20 m. Des trous de poteau creusés dans le fond contre les parois attestent qu’elle était revêtue de plan- ches de bois. Deux trous de poteaux à côté de la première marche appartiennent probablement à l’encadrement d’une porte. Un bloc équarri en calcaire blanc d’Audun-le-Tiche avec une encoche carrée repose sur le fond près de la porte.