38 Sondages dans une nécropole tumulaire à Clemency Jeannot Metzler et Catherine Gaeng Les prospections archéologiques « classiques », c’est-à-dire pédestres sont à l’origine de la découverte de la plupart des milliers de sites préhistoriques, protohistoriques, gallo- romains et médiévaux dans notre pays. L’archéologie aérien- ne a livré de très beaux clichés de sites connus et inconnus avec moult détails de structures enfouies, mais à cause de la diversité géologique du sous-sol, de la morphologie mouve- mentée et de la parcellisation étroite du territoire, les résul- tats de cette discipline manquent de régularité pour ce qui concerne l’occupation antique du sol. Depuis quelques années une nouvelle méthode de levé du paysage a vu le jour : le scannage, d’abord à partir de stations terrestres, puis à partir d’appareils aéroportés. Au Grand- Duché de Luxembourg, le scannage terrestre a été utilisé en archéologie pour des levés topographiques – au Titelberg no- tamment – mais aussi dans des fouilles qui présentaient des structures archéologiques en élévation, par exemple celles du « Schéieschlach » ou du palais de Mansfeld à Luxembourg- ville. Les scannages terrestre et aérien ont été combinés pour la première fois pour le levé du château de Vianden par la société ARCTRON sous la direction scientifique de John Zimmer. Pour le levé de sites enfouis et pour la prospection archéologique en revanche, le scannage aérien n’a pas pu être utilisé dans notre pays à cause de son importante couverture forestière. Or, depuis peu la technique a évolué et grâce à l’élimination des arbres par filtrage, ce n’est que le dernier impact des rayons – donc celui qui touche le sol – qui est enregistré par l’ordinateur. Ceci a ouvert de nouvelles possi- bilités d’analyse archéologique du paysage. Un des premiers sites à être documenté par cette méthode est l’oppidum du Titelberg au début de l’année 2006. Ce scannage était destiné à la réalisation d’un levé de haute précision et d’un modèle en 3D, de grande utilité pour les recherches archéologiques aussi bien que pour l’étude des mouvements du sous-sol, causés par l’effondrement de mines de fer. À la demande d’Andreas Schäfer de l’Université de Iena, qui dirige un projet d’étude sur l’exploitation des minerais de fer dans la région du Titel- berg, nous avons profité de ce survol, pour faire documenter le plateau et les pentes entre Linger et Clemency avec la même méthode (fig. 1). Les surfaces labourées du plateau de Clemency avaient déjà été prospectées maintes fois en détail dans le but de découvrir l’habitat correspondant à la grande sépulture aristocratique de La Tène finale découverte en 1987 ou des structures fu- néraires contemporaines. Par ailleurs, des tertres funéraires signalés dans les forêts attenantes n’ont jamais pu être situés avec précision. Grâce au levé à l’aéroscan, une nouvelle vi- sion du terrain devenait possible. À côté d’anciennes extrac- tions à ciel ouvert de minerais pisolithiques, une nécropole tumulaire jusqu’alors complètement voilée par la futaie très dense est apparue clairement sur le relevé aérien (fig. 2-3). Cette nécropole était composée d’au moins huit tumuli, dont le plus grand a un diamètre d’environ 30 mètres et une hau- teur de près d’un mètre. Plusieurs petites élévations de deux à trois mètres de diamètre, sur quelques centimètres de hauteur étaient visibles autour du tertre central. Cette découverte pou- vait être d’une importance capitale pour la compréhension de l’occupation du territoire autour de l’oppidum du Titelberg et surtout pour la chambre funéraire aristocratique de Clemen- cy. En vue de préciser la chronologie de cette nécropole, deux petits tertres relativement dépouillés de couverture végétale ont fait l’objet d’une fouille au début de juillet 2006. Les remblais des tumuli étaient constitués d’argile fine de couleur jaune clair. Aucune structure archéologique n’était conservée. Au milieu du tertre 1, dans une terre mêlée d’un peu de charbon de bois, sont apparus les tessons d’un vase très brûlé qui avait été déposé à même le sol à l’état fragmen- taire (fig. 4A-5A).