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Les éléments de parure et autres témoins esthétiques préhis- 
toriques découverts sur le territoire luxembourgeois demeu- 
rent extrêmement rares. Seulement quatre éléments paléoli- 
thiques : une croche et une incisive de cerf perforées, une 
canine d’ours avec un début de perforation (?) et un os à 
encoches, mis au jour entre 1935 et 1939 dans les diaclases 
d’Oetrange et quinze éléments néolithiques : treize dentales 
(Dentalium vulgare) d’origine atlantique ou méditerranéenne, 
une croche de cerf non perforée et un fragment de stalactite, 
découverts dans la grotte-diaclase de Waldbillig-« Karelslé » 
fouillée à la fin du 
XXe 
siècle, avaient été reconnus jusqu’à ce 
jour. Pour le Mésolithique, aucun élément de parure n’avait 
encore été rencontré au Grand-Duché. Les rangements et 
examens des anciennes collections du MNHA et du MNHN, 
ainsi que la reprise récente de fouilles sur le site de Heffingen- 
« Loschbour » ont permis d’ajouter à ce cortège deux exem- 
plaires inédits, les premiers attribuables au Mésolithique. De 
plus, ces nouveaux éléments replacés dans leur contexte euro- 
péen contribuent à renouveler les connaissances sur un tech- 
nocomplexe du Mésolithique : la Culture Rhin-Meuse-Escaut. 
PRéSENTATION	DU	SITE 
L’abri sous roche du Loschbour est situé sur la commune de 
Heffingen en rive gauche de l’Ernz noire, un affluent de la 
Sûre. La vallée encaissée, creusée dans les formations gréseu- 
ses du Lias inférieur, présente des versants escarpés bordés 
de falaises plus ou moins étagées. Le site se trouve au niveau 
du vallon au pied d’un redan d’une de ces parois rocheuses, 
à proximité de la confluence du ruisseau Loschbour avec 
l’Ernz noire (fig.	1). 
HISTORIQUE	DES	FOUILLES 
Les premières fouilles menées au Loschbour remontent 
à 1935. Menées sous la direction de l’ancien instituteur 
Nicolas Thill (1885-1967), préhistorien amateur passionné 
d’archéologie, les excavations ont été effectuées par l’ouvrier- 
fouilleur Charles Weber (1886-1946), ancien épicier à 
Reuland. 
Le 7 octobre 1935, Nicolas Thill signale par téléphone auprès 
de Victor Ferrant (1856-1942), directeur du Musée d’histoire 
naturelle, puis de Marcel Heuertz (1904-1981), alors profes- 
seur détaché comme assistant auprès de cet institut de l’État, 
la mise au jour près de Reuland dans le Müllerthal d’une 
sépulture à inhumation en connexion anatomique (Ferrant, 
1937 ; Heuertz, 1980 ; Le Brun-Ricalens et al., 2007). Aucun 
document (absence de photographies, de relevés planimé- 
triques, etc.) relatif au squelette in situ ne paraît avoir être réa- 
lisé. Seule la position stratigraphique du squelette et sa dis- 
position au sol semble avoir été décrite et relevée par Marcel 
Heuertz, à l’époque jeune spécialiste en anthropologie 
(Heuertz, 1950, 1969 ; Le Brun-Ricalens, 2004). La même 
année, un « foyer » situé à quelques mètres de l’inhumation 
livre une petite série d’ossements humains brûlés qui n’avait 
jusqu’à aujourd’hui fait l’objet que de brèves mentions 
(Heuertz, 1950, p. 413 ; Rozoy, 1978, p. 1116). 
En 1981, des sondages limités complémentaires utilisant les 
méthodes modernes d’archéologie préhistorique furent en- 
trepris à l’initiative de l’Université de Liège et de la Société 
Préhistorique Luxembourgeoise dans le but de vérifier la po- 
sition stratigraphique des vestiges mésolithiques recueillis en 
1935 et de repérer d’éventuels lambeaux de terrain encore 
en place (Gob, 1982 ; Gob et al., 1984). En 2003, de nou- 
velles investigations de terrain ont également été pratiquées 
par la section Préhistoire du Musée national d’histoire et d’art. 
Elles ont précisé le contexte sédimentaire du gisement et 
permis la collecte de nombreuses nouvelles informations 
géoarchéologiques et paléoenvironnementales (Brou, 2006). 
Exceptionnelle	découverte	de	parures	mésolithiques		 
en	coquillage	fossile	sur	le	site	d’Heffingen-«	Loschbour	» Laurent	Brou,	Foni	Le	Brun-Ricalens	et	Ignacio	López	Bayón