GUILLAUME DE MACHAUT Guillaume de Machaut, musicien-poéte, est né vers 12300, d'une famille obscure et roturiére. Il tire vraisemblablement son " surnom " de son lieu de naissance : le bourg champenois de Machault, aujourd'hui chef-lieu de canton du département des Ardennes. Au XIVe siècle, le fief récemment entré dans la famille d'Enghien relevait de la suzerai- neté des comtes de Rethel, et l'église dépendait du diocése de Reims. Guillaume pousse assez loin, suivant le cursus médiéval, ses études littéraires, comme le prouve, outre son titre de maître és arts, l'éru- dition qu'il déploie dans ses oeuvres. On ignore comment il acquiert ses connaissances et s'il achève ses études de théologis. Il mène bientôt la vie du clerc lettré, " domestique " ou far:1ier de grands seigneurs, carrière habituelle de l'homme de lettres au Moyen-âge. Ses protecteurs lui font obtenir des bénéfices ecclésiastiques pour récompen- ser les dons poétiques et musicaux qu'il révèle de bonne heure. Sa plus ancienne composition remonte à 1324 : c'est un motet latin écrit en l'honneur de Guillaume de Trie, nouvel archevéque de Reims. Vers cette date, peut-être dès 1323, Guillaume entre au service de Jean de Luxembourg, roi de Bohôme, dont il devient rapidement " aumô- nier ", puis " notaire " et " sécrétaire ". I] reste attaché une quinzaine d'années à la personne du prince. Il l'accompagne dans ses voyages et ses expéditions, en Allemagne et en Autriche ; en Silésie et en Pologne ( 1327 et 1331 ) ; en Lithuanie ( 1329 ) où le roi assiste les chevaliers Teutoniques dans leur oeuvre d'évangélisation et de conquéte ; sans doute également en Italie du Nord ( 1330 ). I1 séjourne dans les divers cháteaux royaux, notamment à Prague : il n'est pas sans intérét de re- marquer l'influence exercée par Guillaume sur les musiciens tchéques. Malheureusement l'oeuvre du poéte garde peu de traces de ces années aventureuses. C'est Jean de Luxembourg qui obtient du pape Benoit XII pour Guillaume plusieurs bénéfices. Titulaire de la chapellerie de l'hôpital de Houdain, Guillaume reçoit de 1330 à 1333 quatre provisions de canonicat en expectative de prébende : à Verdun, Arras, Reims et Saint- Quentin. Finalement, en 1337, il entre en possession du seul canonicat de Notre-Dame de Reims. Sans doute quitte-t-il peu de temps après le service de Jean de Luxembourg. Il n'assiste pas à la campagne de 1337 Dr contre les Lithuaniens oà le roi contracta une incurable maladie des yeux, ni aux expeditions suivantes, et il n'évoque nulle part la mort héroïque à Crécy ( 1346 ) de celui qui était devenu Jean l'Aveugle.