Nd 4 IMOGEN C'est en 1901, à l'áge de dix-sept ans, qu'Imogen Cunningham prend son premier cliché et, jusqu'à sa mort à quatre-vingt- treize ans, en juin 1976, la passion de la photographie ne cesse de l'habiter. Cette exposition est une rétrospective de son œuvre pendant ces trois quarts de siècle qui, en fait, ont constitué sa véritable existence, car la photographie, sa carrière et sa vie ont été si intimement mêlées qu’elles ne font plus qu’un. Tout en s’in- téressant aux domaines les plus divers : art, littérature, musique, famille, bota- nique, vie sociale et politique, Imogen Cunningham a toujours considéré qu’elle était au premier chef photographe, et c’est avec les yeux d’une professionnelle qu’elle a vu les lieux, les choses et les gens. Elle est d’abord photographe, femme ensuite. En 1913, elle a déclaré à ce su- jet : «La photographie est une question de personnalité, non de sexe ; en la matié- re, une femme n'est nécessairement ni meilleure ni pire qu’un homme. Trop nombreuses, cependant, sont les femmes qui choisissent une profession pour s’oc- cuper provisoirement et cessent de s’y intéresser dès qu’elles se marient. Même si l’aspect commercial de la photographie perd à l’avenir de l’importance qu’il a au- jourd’hui à mes yeux, je ne pourrai ni ne souhaiterai jamais abandonner mon travail de photographe.» Parmi les plus anciennes des photos ex- posées figurent des études de portraits de ses parents. Tout au long de sa carriére, elle n'a cessé de les photographier fré- quemment ; l’une de ses œuvres, «My Father at Ninety» (1936), compte parmi les plus connues. A partir de 1907, tout en faisant ses études à l'université de Washington, Imogen Cunningham travaille dans le studio d'Edward S. Curtis, déve- loppant les clichés, qu'il avait rassemblés sur les tribus indiennes de l'Amérique du Nord. En 1909, elle reçoit une bourse de l’association d’étudiants à laquelle elle appartient pour aller faire des études à la Technische Hochschule de Dresde, en Allemagne. On peut voir, dans cette expo- sition, des photos de la ville de Dresde et de son professeur, le Dr Robert Luther, tirées à partir des plaques originales. A son retour ä Seattle, Imogen Cun- ningham ouvre un studio de portraits photographiques dans la maison même où elle s’est installée, un minuscule cottage à demi recouvert de plantes grimpantes et . nue wars E, ares’ entoure de cerisiers. Tres rapidement, son entreprise connait le succés et elle partage son temps entre les portraits en studio et les œuvres d’atmosphère pour lesquelles elle se rend au domicile même de ses clients. Pour cela, il lui faut emballer tout son matériel (notamment son appareil 5” x7” et de nombreuses plaques de verre) dans deux valises d’osier, et, ainsi chargée, aller prendre le tramway. «Children with Birdcage» est une œuvre réalisée lors de l’une de ces visites. Lors- qu’elle n’est pas occupée avec ses clients, elle photographie ses amis dans les bois ou dans d’autres cadres romantiques. «Eve Repentant», «The Dream» and «Pierrot Betrubt» datent de cette période. L’œuvre d’Imogen Cunningham com- mence déjà à paraître dans des ouvrages et des magazines de photographie, et c’est en 1912 que pour la première fois, une exposition lui est entièrement con- sacrée, à l’Institut des Arts et des Sciences de Brooklyn. 1915 est l'année de son mariage avec le graveur Roi Partridge, qu'elle a rencon- tré à la Société des Beaux-Arts de Seattle et avec lequel elle est demeurée en corres- pondance pendant l'année d'étude qu'il a passée à Paris. La méme année, il lui sert de modéle pour une série d'études de nu réalisée sur le Mt. Rainier. La publication de ces photographies dans un magazine de Seattle ayant soulevé un tollé contre cette «femme scandaleuse», Imogen Cunnin- gham décide de mettre les négatifs de côté ; ce n’est que cinquante ans plus tard qu’elle montre à nouveau ces clichés, cette fois à un public différent et plus capable de les apprécier. En 1917, peu avant la naissance de ses jumeaux Rondal et Padraic et alors que son premier enfant, Gryffyd, est äge de 18 mois, Imogen quitte Seattle pour San Francisco. La famille traverse bientöt la baie pour s'établir à Oakland, oü l'artiste s'emploie surtout à étre la parfaite épouse d'un professeur d'université et la mére de trois petits garcons turbulents. Retenue chez elle par ces diverses occupations, elle consacre beaucoup de temps à soigner les plantes de son jardin — et à les photogra- phier. C'est à cette époque qu'elle réalise la majeure partie de ses clichés consacrés aux formes végétales. «Magnolia Blossom» et «Two Callas» sont à ce jour les plus cé- lèbres de ces œuvres. Outre les plantes. ses