Musées de l'Etat Luxembourg AN oY OT im t À D um fc ed wi, M M e D ps SEE 7 4, OR Long, ?nhs. Exposition: La beauté (artistique) dans les formes naturelles. Que la nature puisse être belle, il est évident que personne n'a attendu cette exposition pour le constater. Tout le monde a déjà admiré des visages humains, des animaux, des plantes, des fleurs, des paysages. Cependant, ici il s'agit de montrer non pas la beauté d'un être humain ou d'un animal, mais celle de certains ossements; non pas la beauté de l'océan ou des poissons, mais celle des étoiles de mer, des coral- liaires, des coquillages, Au lieu d'une montagne, on est convié à regarder des tranches d'agate ou des morceaux de quartz; au lieu d'un arbre, des fragments de bois silicifié; au lieu d'un paysage, des photographies représentant des écorces, des cristaux de neige, des crevasses de terrain ou des cicatrices sur une peau de serpent. Au surplus, ce qu'il importe de considérer essentiellement dans ces objets et ces images, c'est la forme, la couleur, la stru>àure Autrement dit, quel que soit le prix des connaissances que nous vaut leur étude scientifique, ici l'on est invité à les considérer avec des yeux non avertis. Du moins est-on prié d'oublier passagèrement &e que l'on peut en savoir pour se laisser pleinement pénétrer par ce que l‘on en voit, On ne manquera pas alors de faire des constatations qui plus d'une fois apparaîtront comme des découvertes. Sans doute remarquera-t--on d'ab ord qu'il y a entre certaines choses des analogies qu'on ne soupconnait point et qui ne laissent pas de frapper. Tel morceau d'écorce d'arbre évoque un paysage, tel autre un ciel tourmenté &vec des tourbillons qui font penser à van Gogh; plus loin, on se croirait en présence d'une plage, d'un mur recouvert de mousse ou de pierres dans un cours d'eau. Photographiés et agrandis, des détails de coralliaires prennent tantôt l'aspect de ruches, et tantôt celui de tranches de citron. En second lieu, dans beaucoup de ces objets ou dans leur reproduction photographique, on trouve une beauté qui, de façon manifeste, s'apparente à celle que nous offre aujourd'hui l'art abstrait, Comment expliquer un tel phénomène? Les artistes dont on dit toujours qu'ils inventent librement leurs formes et leurs couleurs ne feraient-ils en fin de compte que les emprunter à la nature? Se seraient-ils inspirés d'objets pareils à ceux qui sont ici exposés? Dans la plupart des cas, on peut sûrement affirmer que, si une oeuvre d'art abstraite ressemble à la nature, nous avons affaire à une rencontre, et non à une imitation ou à une influence directe. En définitive, l'artiste crée comme la nature, et dans la limite des possibilités de cette dernière, qui elle aussi - les analogies signalées plus haut en témoignent - nous fait souvent rencontrer les mêmes formes, les mêmes structures. D'autre part, il faut relever que c'est l'art abstrait qui nous a conduits à voir l& bem té de certaines formes auxquelles on ne s'arrêtait guère jusque-là. Il convient de souligner en outre que plusieurs de ces formes (celles notamment que révèle la micro-shotographie), les savants aussi ne les étudient que depuis peu: ils les ont découvertes en même temps que les peintres et les sculpteurs. Et cela semble s'expliquer également non par une influence, mais par le fait qu'il y a un parallélisme entre les dif- férentes recherches qui préoccupent l'humanité à tel ou tel moment de son évolution.