IUSEE D'HISTOIRE ET D'ART
LUXEMBOURG '
ervice d'Education artistique
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du XV au XX? siecle
"Reproductions "
MUSEES DE L'ETAT, LUXEMBOURG,
8 au 30 juillet 1961,
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LUXEMBOURG
Service d'Education artistique
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Exposition:Paysages.
Du 8 au 50 juillet 1961.
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Dans l'art de l'Europe médiévale, le paysage n'est guére
autre chose qu'un décor allusif (Duccio, Giotto). Une certaine
observation de la nature apparaît au début du XVe siècle, et
c'est d'abord dans les miniatures qu'on 18 voit se manifester
(Livre de la chasse, Pol de Limbourg). Toutefois, longtemps encore
le paysage ne sera qu'un fond- peint avec une attention des plus
aiguës et des plus ferventes- sur lequel se détache, imposante, la
figure humaine (van Eyck, Pisanello p.ex.). Aussi quand Durer,
vers 1500. exécute des aquarelles ou il se montre attentif à la
seule vie de la nature, à celle des choses muettes et de la
lumière, il crée des oeuvres d'autant plus remarquables qu'à
l'époque elles sont exceptionnelles.
Si, à la fin du XVe siècle et au début du XVIe, dans le"Saint-
François" de Giovanni Bellini, le " Saint-Jérôme" de Jérôme Bosch,
"l'Adoration des Bergers" de Giorgione, les "Saisons" de Pierre
Brueghei, l'homme continue à affirmer sa présence, sa taille a
diminué , alors que le paysage s'est considérablement agrandi.
Chez Brueghel, il est composé de façon à évoquer toute l'immensité
et toute le diversité du monde. Il reste composé au XVIIe siècle,
chez Rubens et plus encore chez le Greco, qui, dans sa célèbre
"Vue de Tolède" nous propose une fulgurante vision beaucoup plus
qu'une image de la réalité extérieure. Les Hollandais Vermeer,
Jacob Ruysdael, Hobbema ne se bornent pas, eux non plus, à copier
simplement leurs motifs; néanmoins il est évident qu'un chemin
direct conduit de leurs oeuvres au paysage plus ou moins réaliste
du XIXe siècle (Constable, Courbet).
Les Impressionnistes français (Monet, Pissaro, Sisley) commen-
cent, a leur tour, par être des réalistes, mais c'est un seul as-
pect de la réalité qui les fascine. Ils ne cherchent pas, comme
Courbet, à rendre ce que l'on constate au cours d'un examen prc-
longé. Ils notent ce qu'ils aperçoivent au moment précis où ils
peignent: rien que les apparences fugitives des choses sous l'ef-
fet de la lumière et de l'atmosHére. En outre- et c'est sur ce
point qu'ils s'écartent de tous ceux qui avant eux s'étaient
montrés sensibles aux vibrations de la lumière (Corot,C.D.Fried-
rich, Turner, Boudin)- ils analysent les phénomènes lumineux, les
décomposent, y découvrent les couleurs du prisme, et décident de
ne plus user que de teintes qui se rapprochent de celles-là.
Cézanne, Seurat, Gauguin, van Gogh vont plus loin: pour eux le
motif n'est qu'un point de départ et il s'agit de créer une pein-
ture qui soit essentiellement une composition de formes et de
couleurs. Les artistes du Xie siecle (Bonnard, Dufy, Rouault,
Picasso, Klee, etc.) travaillont dans un esprit analogue, mais
avec oncore plus de liberté. Si bien que finalenezt, c'est moins
le paysage qui importe que la transformation qu'il & subie sous les
pinceaux de l'artiste. Certes, pour les maîtres anciens aussi,
l'art, c'était l'homme ajouté à la nature". Mais il faut
reconnaître que dans les oeuvres modernes la part de la
nature, du monde extérieur, est nettement moins grande que
dans les oeuvres anviennes. Ce qui, au XXe siècle, l'emporte
de manière catégorique, c'est la part de l'homme, celle de
sa sensibilité et celle de son esprit inventif.
Joseph-Emile Muller.