tuit, il est au fond un homme extrêmement sensible, d’une émotivité spontanée et tou- chante, voilée cependant par une espèce de retenue qui est la pudeur des âmes viriles. C'est pourquoi il ne faut jamais chercher l'émotion à la surface de ses sculptures; elle rayonne de l'intérieur et en détermine, comme une charpente spiri- tuelle, la forme, l'allure et l'expression à la fois. De ce fait, la sensualité réelle de ses figures de femme n'est pas liée à l'épi- derme. Elle part du plus profond noyau, s'enfle sous la poussée de la vie méme et détermine généreusement les formes, ten- dues à l'extrême. De par son caractère indépendant, de par les qualités de son esprit et de son cœur, Oscar Jespers ne pouvait se comporter autrement qu'en non-conformiste, dans l'art comme dans la vie. Toute sa carriére du- rant, il a lutté contre le pompiérisme et contre la routine; sévère pour lui-même autant que pour les autres, il n'a jamais hésité à se detourner de ses propres conquétes, chaque fois qu'il craignait, à tort ou à raison, l'emprise de ses propres formules, le volume pour le volume, la forme vidée de son contenu. Aujourd'hui, arrivé à l'àge de la maturité, de la plénitude et de la sagesse, le maitre de « l'expressionnisme intégral » s'est créé, une fois de plus, par une évolution de plu- sieurs années, un style nouveau, un huma- niime moderne, plein d'assurance, de calme, de joie, de sérénité et de force. Ses dernières figures se situent à l'apogée de son art et introduisent dans la sculpture de notre pays un réalisme sublimé qui pour- rait constituer un moment classique, de méme que l'art de Marino Marini pour l'Italie. Pourrait-on adresser à Oscar Jespers un plus bel éloge ? Em. LANGUI. Extrait du Catalogue du palais des beaux-arts de Bruxelles - Exposition des 8-31 octobre 1954 Né à Anvers en 1887. Etudie chez son père, également sculpteur, puis à l’Institut supérieur d'Anvers. Voyages en France, Pays-Bas, ltalie, Angleterre, Allemagne. Professeur à l'Ecole supérieure d'architecture et des Arts décoratifs à Bruxelles, et à l'Académie Jan van Eyck à Maestricht. Membre de l'Académie Royale flamande pour les Sciences, Arts et Lettres de Belgique. Membre correspondant de l'Académie nationale de Prague. Fait partie au lendemain de la premiére guerre mondiale, du groupe « Sélection », puis des prin- cipaux mouvements modernistes, « Kunst van Heden », « L'art vivant », « Les compagnons de l'art ». Nombreuses expositions en Belgique et à l'étranger. Rétrospective au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en 1955. Participe à « 50 ans d'art moderne » à l'exposition internationale de Bruxelles 1958, Œuvres dans les principaux musées belges et à l'étranger (Grenoble, Cologne, New-York, etc...).