INTRODUCTION Le présent catalogue est à la fois celui d'une exposition passagére et celui d'une section permanente d'un musée. Amorcée, il y a un quart de siècle, à une époque où la nature morte, appréciée seulement de quelques rares amateurs, était encore à la portée du budget modeste d’un musée de ville moyenne, la collection se présente aujourd’hui comme un ensemble homogène : du XVIe au XXe siécle, bien qu’il y manque quelques-uns des grands artistes qui ont illustré le genre, elle témoigne pleinement des idées qui ont régi son évolution. La collection de natures mortes du Musée des Beaux-Arts de Stras- bourg ne restera pas toujours réunie. Lorsque ce musée aura retrouvé la totalité de ses anciens locaux — détruits par la guerre et en voie de restau- ration — et que les différentes écoles de peinture y disposeront chacune du nombre de salles nécessaire, il ne sera plus possible de retrancher de l’activité artistique des différents pays un genre qui exprime leur carac- tère aussi bien que la peinture d’histoire, le paysage ou le portrait : la Hol- lande.du XVIIe, la France du XVIII? siécle et méme la peinture contem- poraine ne seraient pas représentées dans toutes leurs expressions si la nature morte venait à y manquer. Mais, même le jour où le visiteur devra chercher parmi les autres les peintures de cette spécialité, le présent catalogue — nous l’espérons tous au moins — gardera sa signification puisqu’il permettra d’étudier dans chaque section un genre précis, de confronter entre elles les aspirationt que les différents pays ont traduites en peignant des « vies silencieuses », précurseurs de la «peinture abstraite» de notre époque, puisqu'elles révèlent dans leur immobilité, sans doute mieux encore que les abstrac- tions d’aujourd’hui, les états d’âÂme ou d'esprit, tant des artistes qui les ont composées et peintes que de la société pour laquelle elles furent créées. Nous avons vu que l'essai de constituer à Strasbourg un ensemble représentatif d'un domaine souvent négligé de la peinture est trés antérieur à la vogue que connait la nature morte depuis quelques années. Il est motivé par l'existence à Strasbourg, au XVII® siècle, d’un peintre spécialisé dans la « figuration de choses immobiles », à qui il convenait, vu l’oubli complet où il était tombé, de rendre un tardif hommage : Sébastien Stoskopff (1597-1657). Jusqu’en 1930, aucune œuvre de ce maître n’était plus connue 1