landes et paysages qu'il invente librement, libéré de toute 
directive demandée par le calque. L'ornementation, qu'il s'agisse 
de tulipes, d’oeillets, de roses ou de fleurs indefinissables, forme 
avec la figure représentée un tout habilement composé; les 
deux sphéres d'intérét établies sans lien, finalement convergent 
vers une synthése d'apparence fortuite, mais d'un effet des 
plus heureux. 
Même à l’apogée d’un art si contesté, les contemporains mé- 
prisaient souverainement ces tableautins de peu de prix, éma- 
nant d'un milieu de pauvres gens, colportés à dos d'homme à 
travers l'Allemagne du Sud vers la France, la Hollande, la 
Belgique et jusqu'en Espagne d'une part, vers la Roumanie et 
jusqu'à la Perse de l'autre. Les peintres sous verre de Grafenau 
en Bohéme essayant de faire admettre leurs produits à l'Expo- 
sition industrielle de Munich en 1835, essuyérent un refus éclatant. 
»Les verres peinturlurés et parcimonieusement encadrés de 
notre district sont l’œuvre de quelques individus qui y gagnent 
piètrement leur vie. En dépit de la quantité appréciable produite 
chaque année, cette production ne mérite pas qu'on s'y arréte. 
Elle est dépourvue de tout intérét artistique». Les verres de 
Sandl, de loin les plus défectueux comme exécution, sont traités 
de «caricatures» dans un compte-rendu de l'époque. 
A la lumière des indications données, il convient d’intercaler 
ici une mise au point des opinions erronées répandues au sujet 
des verres peints. 
On a tort de considérer comme des précurseurs de l'expres- 
sionnisme les humbles villageois dont le manque d'habileté tech- 
nique suffit à expliquer le symbolisme et l'impossibilité de re- 
produire leurs modèles d’une manière réaliste. C’est bien malgré 
eux qu'ils ne font qu'ébaucher les contours essentiels, qu'ils 
utilisent ces couleurs voyantes, qu'ils font fi de la perspective, 
et d'une manière générale, de la réalité. Ils sont incapables de 
faire mieux. Le Suisse Max Picard, sans doute ému par l'enthou- 
siasme accapareur de Franz Marc dans le «Blaue Reiter», en 
1912, examina les sous-verre de Raymundsreut sous l’angle de ce 
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