RECHERCHES LYONNAISES CONTEMPORAINES Quatre années ont déjà usé leurs déceptions et leurs réves depuis le jour où nos amis luxembourgeois, animés par Joseph-Emile Muller, nous convièrent à présenter la peinture lyonnaise aux amateurs du Grand-Duché. Les liens d’amitié et de compréhension qui s’établirent alors entre les artistes de la « Gibraltar du Nord» et ceux de la « capitale des Gaules » ne se sont pas dénoués, au contraire, tous les appels réciproques furent entendus, tous les signes faits de part et d’autre ont été généreusement perçus. Aujourd'hui «La Nouvelle Équipe» de nos camarades Gillen, Jungblut, Probst et Wercollier nous invite à associer les recherches plastiques lyonnaises à celles des artistes du Luxembourg. Notre accord n'est pas seulement une acceptation de principe, mais une adhésion enthousiaste puisqu’elle marque une étape essentielle de la vie des formes: celle de la communion des styles, de la filiation formelle des esprits. Pouvons-nous prétendre à la victoire des idées affirmées par le choix des peintres? . . . Nous devons en tout cas constater qu’à une certaine similitude de pensée correspond une expression commune. Baudelaire entrevoyait déjà cette profonde unité et recherchait les secrètes correspondances des divers moyens de connaissance. — Rim- baud consacrait ses «illuminations », ses périlleuses investigations de sa «Saison en enfer» à trouver les subtiles affinités spirituelles. Le voyage Supervillien tend lui aussi à la fraternité du passage, à la communion des êtres et des éléments obéissant aux mêmes desseins. Sur le plan esthétique Focillon résume l’intuition des poètes. « A un certain ordre des formes correspond un certain ordre des esprits; nous sommes nécessairement conduits à la notion de familles spirituelles ou plutôt de familles formelles. > Les circonstances qui ont rassemblé nos artistes sont peut-être, en dehors d’une inclination affective, les soucis identiques qui les poussent à la recherche d'un langage capable de définir l'homme de notre temps. Les amateurs luxembourgeois restés éloignés de nous durant ces années vont étre parfois surpris des travaux actuels de nos peintres, de l'affirmation de nouvelles valeurs, de l'éclipse de quelques autres. Les amis de nos artistes doivent comprendre le sens des travaux lyon- nais. IJ n'y a pas dans ces conquêtes la volonté de suivre une mode, de s'aligner sur l'expression du jour, mais la nécessité d'obéir au génie du temps, aux signes d'une époque dont les exigences apparaissent impérieuses et superbes.