18 EXPOSITION KUTTER Cela veut dire que son oeuvre a de l'affinité aussi bien avec la peinture française qu'avec les peintures fla- mandes et allemandes, mais qu’elle ne s'écarte pas moins de l’une que de l’autre. Elle possède une originalité forte- ment accusée. Comparez Kutter à Vlaminck et vous remar- querez que même au moment où une certaine influence de celui-ci était indéniable, sa personnalité propre s'affirme déjà avec vigueur. Il se distingue aussi nettement de Rouault ou de Permeke, desquels les critiques l'ont par- fois rapproché, quoiqu'il soit de leur famille et se range de leur côté du moment qu’on le confronte avec Matisse ou Picasso. Il a une voix forte, imposante, pathétique. Il vous subjugue, vous emporte — vous choque peut-être, mais jamais il ne vous laisse indifférent. Né à Luxembourg le 12 décembre 1894, il étudia, après avoir fréquenté ici l'Ecole d’Artisans, aux Ecoles des Arts décoratifs de Strasbourg et de Munich (1911 à 1914), puis à l’Académie des Beaux-Arts de Munich (1918). Quand il quitta l’Académie, il était déjà un peintre réputé. Il vendait tout ce qu'il peignait. Et il peignait, dans le genre réaliste de Leibl, avec une grande facilité. Mais cela justement lui donna à réfléchir: ne faisait-il pas fausse route? Quand en 1919 il découvrit la peinture moderne, il en fut persuadé. Et avec enthousiasme il L ad