14 EXPOSITION KUTTER physiquement l’incompatibilité qu’il y eût eu à soumet- tre l’oeuvre si diversement libre de Kutter à un contrôle culturel nazi, négation in terminis de toute liberté en peinture. D’ailleurs V’attitude de Joseph Kutter à l’égard de l’envahisseur nous avait indiqué elle aussi la ligne de conduite qu’il fallait suivre, sous peine d’insulter à sa mémoire. Kutter, peintre authentique, avait droit à une expo- sition démonstrative de son oeuvre, qui fût à la jois justification et couronnement de ses luttes héroïques et de ce don total de soi-même à son art qui peut-être abrégea ses jours. Kutter, peintre luxembourgeois de renommée euro- péenne, avait droit à une exposition officielle luxem- bourgeoise, hommage posthume de sa patrie. L’art n’a pas de patrie, mais l’artiste doit en avoir une. Après avoir acquis à l’étranger les connaissances techniques nécessaires, c’est dans sa patrie que Joseph Kutter est revenu pour entreprendre l’accomplissement de sapropre personnalité. Les tendances des jeunes écoles étrangères, l’influençant diversement selon les époques en se superposant et en s’éliminant tour à tour, ne lui servaient qu’à dégager et affirmer toujours davantage son art, qui, à égale distance de l’Allemagne, de la Flandre et de la France, est un art spécifiquement luxembourgeois. Cette double dette de glorification artistique et na- tionale, le Musée de Luxembourg est fier de pouvoir