Soutien aux adversaires des nazis Après l'avènement de Hitler, Mme Mayrisch accorde son soutien à des écrivains antinazis émigrés. Elle aide en particulier Annette Kolb et, lorsque celle-ci doit fuir l’Allemagne, elle l’accueille à Colpach. D'autre part, elle envisage la publication d’une revue des écrivains en exil et, prête à la sub- ventionner, elle a des contacts avec Jean Schlumberger et avec leur ami commun Joseph Breitbach, écrivain né à Coblence et vivant depuis 1929 à Paris. La revue projetée sera pu- bliée à partir de 1937 à Zurich par Thomas Mann et Konrad Falke sous le titre Mass und Wert. « La revue allemande libre, qui est si attendue, semble devenir une réalité, mieux, la chose est décidée. Une dame riche, aimant la littérature, qui désire d’ailleurs rester dans l’ombre, a mis à notre disposition les moyens nécessaires.» (Thomas Mann à Hermann Hesse) Citation — traduite de l’allemand — de Thomas Mann : Briefe, Bd. 2 (S. Fischer Verlag, Frankfurt a. M, 1973). 1 « M'autorisez-vous à tâter le terrain auprès de Thomas Mann sur l’opportunité d'entreprendre quelque chose pour la pensée allemande, dans la ligne dont vous m’avez parlé ? Plus jy pense, plus je crois qu'il est la seule tête qui puisse assurer à une action de ce genre une ferme orientation. Maintenant que Bermann-Fischer a émigré, il pourrait ÿ avoir quelque chose à combiner avec lui. La tâche d’une revue est beaucoup facilitée si elle peut s'appuyer sur une maison d'édition qui se charge de la cuisine commerciale et qui dispose de sérieux movens de diffusion ». Lettre inédite de Jean Schlumberger à Aline Mayrisch, 24 décembre 1936. Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris. Mme Mayrisch et Robert Musil Lorsqu'en 1938 Robert Musil, l'auteur de L'Homme sans qualités (Der Mann ohne Eigen- schaften) pense à quitter l'Autriche envahie par les nazis, Thomas Mann a une entrevue avec Mme Mayrisch, qui se déclare prête non seulement à aider financièrement l’écrivain autri- chien, mais à lui offrir un asile temporaire à Colpach. « Elle se préoccupe réellement de ce