Lorsqu'en 1966 la Galerie Nationale de Prague montrait, d'abord à Bruxelles, puis à Rotterdam, la prestigieuse exposition Les Primitifs de Bobéme, bien des Luxembourgeois se demandaient si notre Musée de l'Etat ne pourrait pas l'obtenir à son tour. Les tentatives que nous faisions à l'époque pour nous mettre en mesure de répondre à ce vœu légitime, ne purent aboutir pour des causes diverses, d’ailleurs très plausibles. Raison de plus de nous réjouir de l'aubaine que nous devons maintenant aux autorités tchécoslovaques, comme cadeau inaugural offert à l'occasion de la signature de l'accord culturel entre nos deux pays. L'Art en Bobéme aux XIV: et XV: siécles, c'est-à-dire à l'époque oü des princes luxembourgeois occupaient le trône tchèque à la relève des Pfremyslides, voilà le thème d’une exposition qui unit deux peuples au passé commun, bien que séparés dans l’espace de plusieurs centaines de kilomètres. Un trait d’union qui devrait entraîner les suffrages non seulement de tous les amateurs d’art, mais des hommes de bonne volonté des deux côtés. C'est bien entendu la commémoration du sixiéme centenaire de la mort de Charles IV qui a fourni le prétexte de cette manifestation. Charles IV est sans doute la figure la plus marquante parmi les souverains sortis de la Maison de Luxembourg. Devenu roi de Bohéme, aprés son pére Jean et avant ses fils Venceslas et Sigismond, il fut appelé, on le sait, à d'autres honneurs comme roi d'Allemagne et empereur du Saint-Empire romain. C'est ce qui explique le fait que divers pays ont tenu à féter sa mémoire. A Prague, la figure du roi Charles, pater patriae, occupait une place centrale dans un vaste panorama consacré à l'histoire de la nation tchécoslovaque et y attirait journellement les foules. Il en fut de méme à Nuremberg, oà quelque 250 000 visiteurs défilaient devant les documents et œuvres d’art qui témoignaient des multiples facettes du personnage et de l’envergure européenne du Roi-Empereur.