Salle 116 — Orient La production d'armes de l'Asie est d'une diversité sans pareille: chaque zone de civilisation posséde sa gamme propre, qui se ramifie dans un nombre impressionnant de types distincts. Ainsi le sabre classique dans certains pays (le Japon ou l'Inde) se retrouve dans des douzaines de variantes. Dans cette mélée, parfois inextricable, un seul fil rouge: le soin porté au finissage et à l'esthétique: les métaux sont travaillés (encore aujourd'hui), dans un rituel de transcendance mystique ou magique. Des légendes, souvent religieuses, s'attachent à la découverte, la fabrication ou l'utilisation de certaines armes (comme dans notre Haut Moyen Âge): souvent même plusieurs mythes défendent le respect religieux dû à un poignard ou une épée. L'auréole mythologique de l’arme blanche remonte à la nuit des temps et illustre deux considérations majeures se rapportant, l’une à la fabrication, l'autre à l'utilisation de l'ustensile. La production d'alliages de qualité est essentiellement liée à des notions de mesure (temps, température, proportions). L'instrument de mesure faisant défaut est remplacé par la durée d'une invocation, ou la parabole poétique (d'une couleur par exemple). La crainte magique ou religieuse s'y ajouta nécessairement, et maintint immuable le rituel. Le tabou, dans lequel berce l'arme — objet meurtrier —, a pour fonction principale d'en «moraliser» l'emploi et de mettre en garde contre la menace qu'elle représente pour son propriétaire méme. Une foule de légendes sont là pour témoigner du profond respect pour la vie que posséde l'homme «primitif», lorsqu'elles nous montrent comment le mauvais emploi de l'arme est chátié par intervention magique ou divine. Certains de ces aspects curieux de l'arme blanche, nous les retrouvons avec le Keris indonésien. La légende de «Si Ginjé» (nom du Keris) raconte qu'il fallait 9 ans pour le fabriquer (un seul coup de marteau était permis par semaine, et seulement aprés une priére déterminée). Le Keris Majapahit appelé Kyai Condong, surnaturel lui-aussi, avait la capacité de tuer par lui-méme et de boire le sang de sa victime. Trois autres Keris sacrés le terrassérent et le détruisirent en le brovant dans un mortier. Empl. A Mur Armes Indonesiennes Les lances (ou javelots) à pointes de bois (ou de pierre) à nombreuses barbelures sont plus ou moins réservées à la péche et à la chasse. Les motifs décoratifs sur les hampes peuvent étre interprétés comme marques de propriété. L'épieu à pointes s'évasant en balai est uniquement utilisé pour la péche. La lance à la pointe en damas et la houppe en crin rouge est une arme de guerre et de cérémonie. Sous le bouclier de Bornéo, à gauche: Golok javanais (coutelas à un tranchant et pommeau fendu); à droite: hache de combat montée sur un manche se prolongeant en occiput pour renforcer le poids de l'impact. si Arc en bambou avec fléche sans empennage (pour la chasse aquatique). Le Keris (dit aussi Criss ou Krish, connu sous le nom de «cris malais»). Nous utilisons la nomenclature actuellement reconnue en Indonésie méme. 107