Salle 115 — Empl. D (Panneau) Les difficultés politiques et religieuses des XVI* et XVII* siécles transforment l'Europe en champ de bataille permanent et général. Sur le plan technique, les responsables politiques confient des opérations martiales à ces «spécialistes» que sont les «gens du métier de la guerre», c.-à-d. les officiers qui entrainent à leur solde toute une soldatesque mercenaire de «lansquenets» et de «reitres». L'armement de ces «professionnels» n'a que peu varié au cours de ces deux siécles. La cuirasse partielle (plastron et casque d'assaut — «Sturmhaube») reste largement réservée à ceux qui ont les moyens matériels pour se l'offrir. Le cavalier, piquier, hallebardier et l'arquebusier (plus tard le mousquetaire) portera toujours à cóté de son arme principale, une arme blanche pour le corps à corps: le glaive ou le sabre pour la «taille», la rapiére pour l’«estoc», l'épée combinant les deux espèces de coup. Les besoins de l’escrime (coup et parade) feront évoluer la lame mais surtout la garde vers la richesse des formes qu’on observe pour l’époque. La mode, en y mettant le sien, nous fournit une telle variété qu'il nous est difficile aujourd'hui de les classer autrement que par vastes catégories. La garde, partie du double quillon formant croix avec la ligne lame-poignée (le glaive médiéval), se complique par l'adjonction d'arcs, de branches de garde, de pas d'áne, coquille etc. pour aboutir au perfectionnement de la rapiére à coquille en cloche (milieu du XVII siècle). D’autres gardes, peut-être moins compliquées, marquent une utilisation plus spécifique de l'arme. C'est ainsi qu'une garde développée des deux côtés condamne l'épée à la «taille» et la rendent inapte à l’art sophistiqué de l’éscrime (nos 45. 48 et 49). Les armes: Nos 55 et 56 Deux arquebuses ä meche. Celle d'en haut est une réplique assez précise (datant du début du siècle précédent) du modèle en usage vers 1650. Le tir avec ces armes fut pratiqué par les sociétés d'arquebusiers belges au XIX° siècle. La seconde aux dimensions plus reduites et au bois inserti d’ivoire, est de fabrication espagnole (XVI siècle). Nos 51, 52, 53 et 54 Quatre flacons à poudre en ivoire ciselé et aux montures d'étain. Le bec verseur est souvent calculé dans ses dimensions pour mesurer la quantité de poudre nécessaire à la charge. Nos 45, 48 et 49 Epées de taille (de cavalier). La garde développée des deux cótés de la poignée limite leur emploi à la taille (comme s'il s'agissait de sabres). Ce genre d'armes est le précurseur de la latte de cavalerie («Pallasch») et du «Haudegen» du XVIII° siècle. Le No 49 est doublement intéressant; d'abord par ses deux arcs inférieurs (des «pas d'âne» destinés à protéger les doigts enveloppant les quillons en direction de la lame) qui permettent de la classer comme épée dans son évolution vers la rapiére; ensuite pour sa lame, au chiffre 1441 et gravée d'un loup passant schématisé, marque des fourbisseurs de Passau et de Solingen. La comparaison du métal de la lame et de celui de la garde (de 150 ans plus récente) en dit long sur la qualité du matériel utilisé, si 1441 est une date. Detail de la lame du no 49 104