Salle 110 — Empl. D (Panneau) COUTEAUX DE VÉNERIE Le couteau de vénerie (ou de chasse) est une arme blanche évoluant de modéles remontant jusqu'à l'antiquité (comme le Sax des anciens Germains). Sa fonction est expliquée par le terme utilisé par les Allemands pour le désigner: «Hirsch- Fänger». || est employé pour «attraper le cerf». Le verbe «fangen» (attraper) signifie porter un coup d'estoc à l'animal, pour le tuer. Depuis le Moyen Age, la chasse à tous les genres de gros gibier se pratiquait plus souvent par des armes blanches et d'hast (comme l'épieu) que par la fléche ou la balle. De toutes ces pratiques allait survivre jusqu'à notre siécle celle qui consiste à courir le cerf. Cette «chasse à courre», c'est suivre la meute sur la piste du gibier jusqu'à l'épuisement de celui-ci. Le cerf «aux abois» (arrété par la meute), devait étre terrassé à l'arme blanche par le chasseur. A cet effet il devait immobiliser la téte de l'animal (le plus souvent en plaquant ses défenses, d'un cóté, contre le sol) et lui porter droit au coeur, par la gorge, le coup meurtrier. Attribut du chasseur «noble» par excellence, le couteau de vénerie est resté jusqu'à nos jours le signe distinctif du chasseur à cheval et se retrouve dans l'uniforme des «équipages» et des «sonneurs» actuels. Dans les pays germaniques il symbolisa jusqu’au début du siècle la fonction spécifique du garde-chasse, à qui, en tant que spécialiste dans la matière, incombait la tâche de dépecer le gibier, (travail exécuté lui-aussi à l’aide du «couteau»). Il survit donc ici dans l'équipement officiel du garde forestier. Parfois on retrouve le «couteau de vénerie» sur les soldats de certaines unités (comme les fusiliers ou les chasseurs). Le No 47 rappelle ce fait par sa gravure: « Vivat Pandur (le «Pandur» est un soldat d’une unité magyaro-croate du XVII: siècle). La carrière militaire du «couteau» se développa surtout depuis le milieu du siècle passé. Les dimensions du «couteau» se prétaient parfaitement pour une arme blanche pouvant servir à la fois comme sabre et comme baionnette. Il n'est donc pas faux de conclure qu'une grande partie des baionnettes-épées ou -sabres sont ses descendants. Un autre trait marque le «couteau de vénerie»: arme d'aristocrate, il est aussi arme d'apparat et se distingue souvent par un souci tout particulier de l'esthétique à la mode. Ainsi on distingue facilement sur le No 41 la présence du baroque alors que les Nos 43 et 44 trahissent le rococo. Caracteristiques du «couteau de venerie» Lame de 30 à 50 cm, généralement droite (à lame courbe, l’arme est appelée Plaute en Allemagne: Nos 37, 39, 44 et 45). Fusée à pommeau révélant parfois son origine de coutelas (N° 48) pouvant aussi être travaillé en motif cynégétique (tête d’aigle des Nos 37 et 39). 2 quillons le plus souvent figuratifs (sabots de cerf 37, 39, têtes de chiens 42, dragon 44). 1 coquille rabattue sur la lame (Nos 38 et 43) portant souvent des motifs cynégétiques (trophée, massacre etc.). Les deux derniers éléments peuvent être plus ou moins développés ou même s’évanouir complètement. Ainsi le No 40 est dépourvu de coquille, le No 47 (couteau de «Pandur») est sans quillons. Le modèle 42 est particulièrement intéressant pour sa lame à contretranchant et la coquille se confondant avec les quillons. La lame gravée peut aussi porter des versets exaltant l’art cynégétique, ainsi le No 46 chante: «Ein Jäger unverdrossen hat manches Wild genossen». 52