PREHISTOIRE L'intelligence primitive a pu amener l'homme à «imiter» la béte en utilisant par exemple ses «armes» naturelles: mais la défense du mammouth ou le bois du cerf (sans avoir été préalablement travaillés) n’ont jamais pu avoir une efficacité quelconque entre les mains de l'homme chétif, ne disposant pas de la masse requise pour produire un «impact» dangereux. Une branche cassée «en pointe» naturelle, un galet ramassé aux caractéristiques du biface-«coup de poing» étaient sans doute plus à la portée de l'homme primitif. Ne presentant aucune preuve d’action humaine de tels «outils» ne peuvent compter comme document. Du paléolithique ancien nous détenons aujourd'hui un document sérieux et incontestable: il s'agit du fameux javelot- épieu de Lehringen trouvé dans la poitrine d'un squelette de mammouth remonté d'un marais prés de Verden (R.F.). La pointe durcie au feu et le füt lissé appellent la comparaison avec des armes semblables repérables aujourd'hui encore aux mains de certains «primitifs» (Afrique et Océanie surtout). Utilisée par l'Homo Heidelbergensis, cette arme continua sa carriére avec le Neanderthalien qui y ajouta fort probablement l'arc et la fléche (en bois affuté et durci, des pointes en silex n'étant pas repérables) au paléolithique moyen. La méme ére nous fournit aussi des échantillons d'outils de matériel osseux: pointes et masses. De tels objets ont été trouvés dans le site d'Oetrange, sont datés du 15* millénaire av. J.-C. et par conséquent attribuables au Périgordien (Aurignacien Final) donc au paléolithique supérieur. Cette période offre une richesse inattendue de matériel de chasse (et de défense). Le site d'Oetrange nous fournit des pointes foliacées et des lames en matériel lithique; une foule de lames et pointes osseuses diverses, faisant entrevoir une spécialisation poussée du métier du chasseur dans d'autres régions d'Europe, — des harpons à double rangée de barbelures (p. ex. Ahrenburg dans la région de Berlin) confirment une telle supposition. Le mésolithique et ses produits sont représentés chez nous surtout par les résultats des fouilles du gisement du Loschbour (vallée de l'Ernz Noire). Une série trés représentative de microlithes Tardenoisiens s'ajoute à des objets osseux rescapés des périodes antérieures (pointes affutées). Certains de ces microlithes trahissent leur fonction par leur aspect méme: pointes de fléche de différents types parmi lesquels des formes trapézoidales (dont l'usage est fort discuté, mais un rapprochement avec des pointes métalliques africaines récentes laisse subsister peu de doutes). D'autres éclats dont le retouchage ne laisse pas deviner immédiatement l'utilisation, auraient pu servir de lame de glaive, moulés de part et d'autre sur un manche de bois (à la facon des glaives d'obsidienne centraméricains). Une telle arme ne saurait avoir connu un usage cynégétique, que comme couteau de dépecage. Des documents d'autre nature (gravures rupestres) attestent le mésolithique comme période riche en conflits; une telle constatation ne contredit aucunement la supposition avancée. La spécification arme de chasse — arme de guerre pourrait donc remonter à cette époque. L'homme néolithique conquiert de nouvelles dimensions dans le travail du matériel lithique. D'abord il a reconnu les qualités d'autres espéces que le silex (comme les pierres mi-précieuses). A la suite du retouchage, il a développé le polissage. Mais pour notre théme, l'apport le plus précieux est fourni par le perfectionnement d'objets hérités des époques antérieures et l'invention d'améliorations notables dans l'équipement du guerrier-chasseur. Les pointes des fléches se diversifient: aux foliacées s'ajoutent les triangulaires et les cordiformes. Elles adoptent le pédoncule permettant un mode de fixation plus durable (devenant ainsi des «pointes máles» déclarées). Le bord opposé à la pointe se rabat de plus en plus pour former des barbelures fort accusées. L'archer protége son avant-bras par un brassard typique (pièce rectangulaire perforée aux deux extrémités). . . Deux exemples d'innovations citées au hasard pour illustrer le pas considérable franchi par l'esprit inventif de l'époque. Les fouilles de l'Atsebach, surtout du Marscherwald (aussi du Titelberg) apportent les documents matériels de cette période pour notre région.