du Prophéte, représenté au rang des prophetes (quatrieme rang d'en bas de l'iconostase), est assujettie au rythme plastique de cette comparaison diversifiée d'icónes dans ce rang. La peinture fait ressortir la figure du Prophéte sur le fond doré telle une sculpture aux couleurs vertes et vermillon. Les longs doigts de sa main droite se détachant sur la tunique vert foncé attirent l'attention des orthodoxes sur le rouleau où il prophétise l'avènement de la Vierge. L'inclusion de la Vierge Marie avec l'Enfant Jésus (26) dans l'iconostase donnait un rythme recherché à la peinture d'icónes habituelle. Les Vieux-Croyants théodosiens, qui ne reconnaissaient pas l'iconostase canonique, avaient décou- vert cette « Vierge de Jérusalem » qui était trés vénérée à Novgorod pour son « prévod » (type, composition) antique. La peinture de la Moscovie du XVI° siècle est représentée par la « Dé- collation de Saint Jean-Baptiste », icône peinte, vraisemblablement, à Staritsa lors du voyage qu’y fit le tsar Ivan Vassilievitch le Terrible. La fête de la Décol- lation de Saint Jean-Baptiste, selon le calendrier orthodoxe, coincidait avec l'anniversaire d'Ivan le Terrible. C'est pourquoi l'icóne locale, c'est-à-dire celle qui se trouve au rang inférieur de l'iconostase et qui représente l'ange gardien du tsar, devait mettre en relief la figure de Saint Jean-Baptiste qui allait étre exécuté et, à côté, sa tête coupée reposant dans un calice d’or orné de pierres précieuses. Les couleurs de cette icône à destination magique sont très vives. Un reliquaire en métal avec les reliques de Saint Jean-Baptiste y fut fixé par la suite par le tsar lui-même. Le « Prophéte Elie dans le désert » (38) est une icóne peinte dans la deuxième moitié du XVI° siècle aux confins de l'Etat de Moscovie. Le Pro- phéte est assis sur un rocher et léve la téte à l'approche d'un corbeau qui, selon la légende, lui apportait la nourriture. Dans le Nord russe on voit souvent de grands rochers erratiques, mais celui d'Elie n'est pas un rocher ordinaire ; il est de couleur rouge. Sur le rivage désert du lac Onega, d’où provient l’icône, les voyageurs transportaient l’eau dans des récipients de forme ancienne comme les vases qui sont aux pieds d'Elie. Mais le pain, apporté au Prophète, est d’une forme particuliére ; ce sont de grandes miches comme celles qu'on trouve dans les églises orthodoxes. Les couleurs páles de l'icóne permettent de rapprocher son coloris de la gamme de couleurs que l'on trouve sur les icónes de Rostov.