La fameuse phrase de Maurice Denis selon laquelle «un tableau est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées», cette phrase si juste quand elle est bien comprise, Montanier aurait pu la répéter en pensant à ses propres peintures. Faut-il relever que la surface plane n'exclut pas la profondeur? Ce sont les couleurs qui la suggerent, non la perspective. De meme l'amour de l'ordre n'empéche pas la traduction de mouvements: on n'a qu'à regarder les oiseaux de Montanier pour en avoir la preuve. Par ailleurs, que la peinture soit «décorante», en d'autres termes qu'elle soit le produit d'une recherche de beauté, ne lui interdit pas d'étre expressive: les Christs en croix le démontrent, et ils ne sont pas seuls à le faire. Enfin, ce que les tableaux de Montanier ont de déli- catement sensuel n'incite pas à oublier qu'avec leurs couleurs et leurs formes inventées ils sont avant tout une création de l'esprit. Seulement, loin de se mouvoir dans l'abstrait, cet esprit est nourri par une sensi- bilité qui ne cesse de vibrer devant les merveilles et les mysteres de la vie. Joseph-Emile Muller