La guerre me libéra du surréalisme dans la mesure où elle absorba certains aspects visionnaires de celui-ci pour les restituer dans ses propres horreurs, son humour tragique. Avant la fin de la guerre, j'étais de nouveau livré à moi-même. Je me remis à dessiner les objets les plus simples, à peindre de petites gouaches. 194^ * 4 NN 1947 Au cours d’un sejour en Haute-Savoie, il ramasse un fragment d’ardoise dont la forme l'attire et à l'aide d'un vieux clou y grave un dessin. Il est fasciné et passionné par ce matériau nouveau qu'il n'abandonnera plus. Ubac se remet à la peinture. Il suit les conseils de son ami le peintre Goetz; emploie des émulsions, surtout celle à base d'oeuf, et évite de se servir d'huile. Il ne parti- cipera pas à la grande exposition surréaliste d'aprés-guerre. Louis Clayeux ren- contré chez Goetz l'encourage et lui consacre un premier article critique. Il colla- bore à la revue «Troisiéme Convoi» et fréquente des artistes trés différents de ceux vus jusqu'alors: ceux de la Galerie Denise René et plus spécialement Bazaine et ses amis. Jean Lescure m'avait fait connaítre Bazaine en m'amenant dans son atelier. Ce que je voyais ici était une voie de la peinture entiérement différente de celle que j'avais connue. Une voie qui arrivait au «tableau» en partant de la forme et de la couleur avec ses lois, ses exigences et sa discipline. A leur insu peut-étre, Bazaine et ses amis m'aidérent par leur oeuvre à faire l'effort d'aborder ces problémes sans passer par les phantasmes dont j'avais été tributaire. 1951 je 11 4 1957 196! | En janvier Ubac fait sa premiére exposition de peintures à la Galerie Maeght oü par la suite il exposera à intervalles réguliers. La même année il organise à Wuppertal la première exposition de ses ardoises gravées et taillées. À partir de cette époque, Ubac travaille simultanément la peinture et l’ardoise. Celles-ci sont gravées de plus en plus profondément et deviennent de véritables reliefs. Il recoit le quatriéme Prix à l'exposition du Carnegie Institute de Pittsburgh. Ubac acquiert une maison dans un village de l'Oise. Il y fera des séjours de plus en plus prolongés pour finalement y habiter définitivement. Par l'ardoise il aborde le corps dans des torses trés minces striés de lignes fines, le paysage dans des reliefs aux lignes parallèles et rythmées.