Nombreuses sont les inscriptions, votives ou funéraires, qui datent de l’époque romaine. De temps à autre, des fouilles systématiques ou des circonstances heureuses font réapparaître des inscriptions mentionnées dans les manuscrits anciens et dont la trace était considérée comme perdue. Le premier qui, chez nous, s’intéressa d’une manière généreuse et efficace à la fois aux antiquités de l'époque romaine, était Pierre-Ernest de Mansfeld, grand seigneur et fastueux gouverneur du Duché de Luxembourg, de 1545 à 1604. À partir de 1563, il se fit construire une demeure princière à Clausen, l’actuel faubourg de Luxembourg, pour laquelle il réunit une très belle collection d’œuvres d'art, surtout des antiquités qu'il exposa dans ses galeries et ses jardins ou fit encastrer dans le por- tail donnant accès à la cour d'honneur (oà elles se trouvent encore partiellement de nos jours). Mansfeld, de ce fait, devint le protecteur des antiquités romaines de nos contrées. Vers 1575, il envisageait (et tenta même!) de faire transférer dans sa résidence le pilier funéraire d’Igel! Des visiteurs illustres du prince-gouverneur ont laissé vivant le souvenir des richesses entrevues, mais le mérite d’avoir le premier recherché, commenté et, point important, dessiné lui- même ou fait dessiner les monuments romains du territoire du Duché de Luxembourg, revient à Alexandre Wiltheim S.J. (1604-1684). A vrai dire, il partage cette gloire avec son frère (et confrère) Guillaume, de dix ans son aîné. Lorsque ce dernier mourut en 1636, à l’âge de 42 ans, il laissait de précieuses notes auxquelles le frère cadet, qui lui survécut près de cinquante ans, a apporté de nom- breuses additions et des corrections judicieuses. Ce sont elles qui confèrent à ce recueil redigé en langue latine et émaillé de nombreux croquis toute sa valeur documentaire. Ces pages attestent la vaste érudition du père Jésuite, et sa probité scientifique fait encore de nos jours l’admiration des archéologues de métier. Alexandre Wiltheim était né à Luxembourg l’année même du décès du gouverneur Mansfeld. Adolescent, il a pu voir au château de Clausen, les quelques pierres antiques échappées aux forces dévastatrices qui envahirent le château après le décès du gouverneur; il en fit transporter plus tard quelques-unes dans le jardin du Collège à Luxembourg et les intégra dans les collections des Pères Jésuites. Presque septuagénaire, il apprend la découverte à Arlon de pierres antiques, lors de la démolition des fortifications (en 1671). Plusieurs des pierres ont pris par la suite le chemin de collections luxembourgeoises (rejoignant celles qui provenaient de découvertes faites à Arlon au XVIe siècle). Le Père Wiltheim ne manque pas de se rendre à Arlon et de consigner les nouvelles découvertes dans son recueil. (Le manuscrit autographe du Luxemburgum Romanum fait partie depuis 1849 de la Bibliothèque de l’Institut grand-ducal, Section Historique, et est conservé actuellement aux Archives de l'État; deux copies se trouvent à la Bibliothéque Royale de Bruxelles, sous les n°8 13910 et 17297, une troisième à la Bibliothèque Municipale de Trèves, tandis que celle de l'abbaye d'Orval semble perdue. Le «Luxembureum Romanum» a été édité à Luxembourg une première fois en 1842 par le Dr. Auguste Neyen. Malheureusement les lithographies, dont beaucoup «à rebours», qui l'accompagnent sont loin d'égaler les croquis et dessins Ofiginaux: exécutées d’après les copies de Trèves et d’Orval, elles ont été traitées librement!). 12