festations d'une force qu'il se refuse à emprisonner dans un contour dérisoire ou à immobiliser dans une forme. Ses tableaux ne sont faits que de trainées dont les couleurs coulent vers les fonds tremblants. Pas d’affirmations, non plus. Des pro- positions, seulement, où il réalise ce prodige d’accorder beaucoup de fougue à beaucoup de silence, pour le plus grand bien d’une ambiguïté apparente et d’une mouvance indéfinie, qui est celle-là même de la vie. Bernard Dorival - Les Peintres du vingtieme siecle (Pierre Tisne, Paris, 1957) La contemplation de la nature demeure à la base de cet art. Rien de moins intellec- tuel que la technique et l'esthétique de ce peintre qui subit, jusqu'à l'oppression, la présence et le poids d'une nature exigeante, envahissante, tyrannique. La solitude dans les forêts provençales, le contact incessant avec un sol tout remué encore de fureurs paniques, lui ont inspiré cette vénération un peu craintive, et aussi cette ten- dresse pour la nature, cette conviction qu'elle seule pourra lui apprendre tout ce qu’il veut savoir. (.. .) L'impermanence méme de tout ce qui vit, le nuage qui se dissout, le cri de l'oiseau qui se défait dans l'espace, la cascade qui s'éparpille sur les rochers, invite l'homme à rechercher, par delà le transitoire, l'immuable et l’éternel. (.. .) Cette quéte spirituelle est la raison d'étre et la ligne directrice de l'oeuvre de Tal Coat. Ses peintures sont devenues de plus en plus énigmatiques à mesure qu’il avançait dans cette connaissance qui est tout à la fois matérielle et spirituelle, Les formes se sont réduites à quelques taches de couleurs, sobres, amorties, assourdies par une sorte de recueillement, à quelques traits qui sont les lignes de force des énergies en mou- vement dans la nature. Il est parvenu ainsi à un art de la contemplation, du recueille- ment, qui n'est intelligible qu'à ceux-là seulement qui peuvent en pénétrer le message spirituel. Marcel Brion - Art abstrait ( Albin Michel, Paris, 1956)