qui vont se dissoudre dans l'eau et dont les traces sont en voie de s’estomper sans précipitation. Autrement dit, plus que des formes, Zack nous met sous les yeux des transformations. «Tout est mouve- ment», cette fameuse phrase d'Héraclite, il semble vouloir l'illustre: en nous invitant à suivre sans cesse ces métamorphoses lentes, impon- derables et silencieuses. J'ai parlé d'eau, de nuages, de fumées. Mais bien entendu il ne s’agit pas de cela: ce qui peut ressembler ici au monde physique n’est autre chose que l’apparence prêtée à une réalité spirituelle. De là aussi l’abandon par Zack, vers 1960, de ces jeux de matière aux- quels les peintures antérieures devaient des attraits si certains. En général, la páte, depuis, se réduit à une couche mince: l'artiste ne retient plus pour ainsi dire que l'esprit de la couleur. Et cela lui permet de créer une lumière encore plus spiritualisée, plus méditative. Or, c’est un art méditatif que nous propose Léon Zack. Vai- nement on y chercherait des cris, des fanfares, des gesticulations. Toutefois, s’il peut être dépouillé, il n’est pas austère, s’il dénote l’amour du flou, de l’évanescent, de l’invertébré, il ne montre pas de goût ni pour le bâclage ni pour l’incohérence. Riche en subtilités et grave en méme temps, il ne vise pas à frapper mais à émouvoir, et c'est dans le silence, le recueillement qu'il révéle le mieux ses vertus aussi bien que sa signification. Joseph-Emile Muller