couchée qui joue avec l'enfant, le presse contre elle ou le tient en l'air à bout de bras. Ici, il se borne à simplifier les corps, là, il nous propose une cuvre qui se situe aux confins de l'art abstrait. Et si d'un cóté ce sont les volumes arrondis qui dominent, de l'autre ce sont les arétes et les pointes. Un deuxiéme théme revient souvent chez Lobo: le nu féminin. Là encore, il varie les poses, non parce qu'il veut montrer la structure anatomique sous des angles différents, mais parce qu'un nu couché lui offre l'occasion de faire ondoyer les formes dans le sens horizontal et que le nu agenouillé ou debout se préte à la mise en jeu de flexions, de courbes et de contre-courbes autour d'un axe vertical. Est-ce à dire que le nu lui-méme se trouve sacrifié à des exercices de style oü la part de l'abstraction est plus grande que celle de la vie? Nullement. Des qualites essentielles du corps demeurent perceptibles, mais ce sont celles que decouvre la tendresse de l’amoureux plutöt que celles qui intéressent le regard froid de l'observateur scientifique. De fait, une sensualite caressante se manifeste dans ces formes et leur donne leur insinuant pouvoir de séduction. En outre, elles se signalent par une purete concise, une fermete calme et sensible, une justesse de l'équilibre qui apparentent les sculptures de Lobo, notamment ses marbres, aux idoles cycladiques, à cela prés que, moins hiératiques que ces derniéres, elles offrent plus de souplesse, des profils plus sinueux et un air plus familier. Joseph-Emile Muller