au point que l'on se dirait en présence d'une oeuvre non figurative. Ici, les volumes sont compacts et la silhouette est fermée; là, un bras levé, une jambe repliée circonscrivent des vides qui trouent la masse pesante et l’allègent. Tantôt Moore insiste sur l’aplomb de formes raides, sur les résistances que le matériau a opposées à ses ciseaux; tantót il assouplitles corps, les conduit à décrire des courbes sinueuses, leur communique de la fluidite, des elans. Il arrive aussi qu'il donne aux membres un caractère osseux, ligneux, ou qu’il les apparente à de flexibles tiges de metal. Bien entendu, dans ce dernier cas, nous avons affaire non à des figures sculptées dans la pierre ou le marbre, mais à des bronzes qui conservent la ductilité de la glaise. Si l'on met à part quelques oeuvres réalisées entre 1944 et 1949, il faut dire qu'en général Moore impose au corps humain des dimen- sions et un aspect qui l'écartent de la norme. L'anatomie n'est pas pour lui une chose qu'il vise à reproduire, elle est un motif qu'il se plait à varier, et sa féconde imagination lui suggére nombre de va- riations différentes. Deux raisons expliquent sa démarche: d'abord, la conviction qu'un sculpteur a charge de créer des formes et des rapports de formes qui soient autonomes, qui aient une vie, une signification propres. Ensuite, le souci d'évoquer des réalités dont le simple corps nu est normalement inapte ä rendre compte. Autrement dit, la tendance à dépasser les limites de 'humain que l’on trouve