Cependant, ses objets décomposés et recomposés, ses formes aplaties et géométriquement délimitées par des arêtes précises, révélent une sensibilité qui est personnelle. Et jusque dans les oeuvres où il ajoute de la couleur aux volumes (pour ,,supprimer, dit-il, les effets des variations de la lumière sur les statues“), il ne cesse de manifester des preoccupations de sculpteur, cherchant tou- jours la mise en évidence de chaque forme, de chaque plan. Ainsi nous présente-t-il pendant quelque temps un art construit, architec- . J * a" . EE / tonique, expérimental, qui, s'il veut la rigueur, évite la sécheresse. Au cours des années vingt, ses volumes se font progressivement moins réguliers et moins anguleux. Au lieu de s’aplatir en se raidis- sant, ils s'arrondissent, s'assouplissent, et la vigueur de la synthése se substitue au fractionnement analytique. Le théme préféré de Laurens est désormais la femme nue qu'il montre tour à tour debout, étendue, . . / . / . »* / . ^ assise ou accroupie. A la vérité, il ne s'intéresse pas au nu en lui-même, mais aux ensembles de formes que le corps lui suggére, car son but essentiel est de créer une sculpture où la tête comme la jambe, le bras de méme que la poitrine et le ventre se soumettent completement à son souci d'invention et aux exigences d'un ordre plastique. Pour- tant plus il avance, plus ses volumes s'imprégnent de sensualité, plus ils sont enrichis par cette connaissance des corps que donnent non l'étude anatomique, mais la tendresse et l'amour.