Né en 1885, Henri Laurens appartient à la génération des cubistes, et c'est comme partisan du cubisme qu'il commence à s'affirmer vers 1915. A vrai dire, parmi les sculpteurs qui représentent cette ten- dance, il est l'un des plus attachants, l'un de ceux qui ont le mieux assimilé la lecon de Braque et de Picasso. Sans doute certaines de ses constructions en bois, fer et tóle polychromés peuvent-elles rappeler Archipenko (qui, lui aussi, avait d'ailleurs été orienté par les deux inventeurs du cubisme), mais son art apparait avant tout comme une transposition, dans le domaine du bas-relief et de la ronde-bosse, de l'esthétique que Braque et Picasso avaient illustrée en peinture. Au demeurant, il est en contact avec ces deux artistes, et depuis 1911 il entretient avec Braque des relations d'amitié qui dureront jusqu'à la fin de sa vie. Des titres comme Bouteille et verre, Compotier de raisins, La Guitare, Femme à la mandoline, indiquent que méme ses thèmes ressemblent à ceux que nous trouvons chez les peintres cubistes.