Dans sa toile de 1949, Le Moal fait encore allusion à des objets 
et ses formes sont assez précises, mais dans les oeuvres récentes nous ne 
discernons plus que des taches de couleurs qui suggérent la fusion 
d'éléments fluides éclaboussés de lumiére. Chez Bertholle, les clartés 
se débattent contre les ténébres, et nous avons affaire à un art plein 
d'élans, de tensions, de déchirements, qui néanmoins n'a rien de chao- 
tique. De l’entrain se déploie aussi chez Lanskoy; nn entrain qui semble 
refléter de l’allégresse dans une ambiance printanière. Ailleurs, le 
mouvement se ralentit ou il a disparu, et les couleurs vives ont cédé le 
pas à des teintes sourdes et graves. 
Les origines des artistes représentés sont fort diverses elles aussi. 
Certes, à l'exception de Gubler qui vit en Suisse, de H. O. Weber qui 
habite en Allemagne, de Lismonde et de Timmermans qui résident 
en Belgique, de Sehgal dont la patrie est l'Inde, tous travaillent en 
France, mais cela ne veut pas dire que tous y ont vu le jour. De fait, 
Borés est né en Espagne; Singier en Belgique; Seiler en Suisse; Dott, 
Eliasberg, Pfeiffer en Allemagne; Geer van Velde en Hollande; Bolin 
en Suéde; Géza-Szobel et Szasz en Hongrie; Garbell, Lanskoy, Hosias- 
son et Zack en Russie; Dobashi, Kito, Simada et Yamada viennent 
du Japon, et Nam est originaire de Corée. 
Ceci dit, il est évident que la collection telle qu'elle se présente 
à l'heure actuelle comporte encore des lacunes dont il faut malheu- 
reusement craindre que certaines ne puissent jamais étre comblées. 
N'empéche que, si l’amateur de l’art contemporain n'y rencontre 
aucun protagoniste de l'antipeinture, ni aucune oeuvre qui vise plus 
à étonner qu'à émouvoir, il y pourra dés à présent contempler avec 
admiration une série de toiles et d'aquarelles qui illustrent de facon 
éloquente quelques-unes des tendances les plus fécondes de l'art 
d'aujourd'hui. 
oP, 
Joseph-Emile MULLER