s’y fait sentir aussi bien dans la composition que dans l'exécution. Un portrait de sa mére est trés significatif à ce sujet: la téte légérement inclinée est caractérisée par de larges touches d'ombre et de lumiére. (Pl. 15) Le portrait de sa femme (Pl. 23) rappelle davantage la lignée des maîtres hollandais du XVII° siècle : traits largement brossés dans l'épaisseur des couleurs claires, ombres très légèrement posées. À la fin de sa vie, ses portraits perdent en vigueur, mais gagnent en sensibilité, Rarement Beckius atteint une plus grande intensité du regard, une plus grande chaleur humaine que dans les portraits qu’il a fait de lui-même et de sa famille. L'occupation allemande pendant la deuxieme guerre mondiale pese lourdement sur le peintre. Meprisant ce regime de terreur, il ne quitte presque plus sa demeure durant un certain temps et cree alors quelques compositions que l’on pourrait qualifier de patrio- tiques, « Vieux clocher de Metzdorf » (Pl. 19) et « Moulin de Mertert » (PI. 20) où il pavoise discrètement le paysage par un assem- blage de lessive rouge-blanc-bleu. Il s’adonne également à quelques compositions religieuses : une trilogie de la Toussaint et une scène de Noël « L'annonce aux bergers ». (PI. 21) De septembre 1944 à mars 1945, il est évacué avec sa famille par les troupes américaines à Luxembourg au Pensionnat Saint-Joseph. A cette époque il réalise quelques belles vues de la ville de Luxembourg dont l'une, « Luxembourg » (Pl 22) est typique de la technique que l'artiste adopta vers la fin de sa vie pour les paysages: couleurs claires, cernées par des traits foncés, donnant à l'image un aspect plus dessiné. Au mois de mars 1945, Beckius rentre avec sa famille dans son village natal pour y jouir du repos dont il avait toujours besoin pour bien reussir son ceuvre. Un changement s'opére dans sa vision des choses. Un lyrisme fin et délicat entre dans ses derniéres compositions. Par des tonalités estompées et atténuées il parvient à rendre l'atmosphére vibrante et chatoyante du paysage mosellan. Cependant sa santé chancelante remplit son entourage d'inquiétude, le 11 décembre 1946 une maladie du coeur, qui l'avait clouée au lit depuis quelques jours seulement, eut une issue fatale. L'artiste quitta prématurément cette vie, laissant un grand nombre d'œuvres qui resteront à jamais inachevées. EDMOND GOERGEN Chef du Service de la peinture Q