Les toiles d’Italie marquent en general un penchant tres prononce vers l'Impressionisme. A son retour au printemps 1930, il passe quelques semaines chez son ami, le professeur Dr. Léon Lommel au Schleiderhof prés de Cruchten. Là il peint plusieurs portraits de la famille Lommel d'une trés bonne facture, notamment celui de Mgr. Lommel lui-méme (Pl. 6) et de son pére. (Pl. 7) Le 18 avril 1933 il épouse Gabrielle Breyer, native d'Arlon, dont il avait fait la connaissance par l'intermédiaire du peintre Seimetz. Attiré par le génie de Rembrandt, le peintre fait son voyage de noce en Hollande. Le mystére des canaux d'Amsterdam, Zandam, Egmond-sur-mer et Volendam lui inspirent des toiles lourdes et chaudes et pourtant vibrantes, où la réalité et le mystére s'affron- tent et s'entremélent pour aboutir à une symphonie discréte, pour ainsi dire « en mineur ». Le peintre simple et sincére sent les pulsations de la nature, réve devant les eaux stagnantes, la silhouette mystérieuse des moulins à vent et la mer immense. En pleine force de l'âge il peint en abondance la mer, les dunes, les péniches, les ruelles romantiques aux maisons de briques rouges, les visages tannés par le vent des vieux marins. Au mois de juin 1934 il rentre à Luxembourg et se fixe définitive- ment à Mertert. Neuf enfants vont naître de son mariage heureux dont six restent en vie. La Moselle attire et fascine le peintre jusqu'à la fin de sa vie. Jamais pinceau ne fixera autant de fois que celui de Beckius des endroits comme « Laerensmillen », « Deysermillen », « Schlamm- bach » et « Temmels ». Recherche inlassable de la vérité pour mieux deviner les secrets de la nature. C'est elle qu'il aime avant tout. Il la cherche sur les flots miroitants de la Moselle, il la guette dans les profondeurs des bois oà la Syre se proméne en méandres capricieux, il l'épie dans les reflets chatoyants et changeants de la lumiére et de l'eau. Durant ces années à Mertert, Beckius réalise de nombreux por- traits : ses enfants, sa femme, sa vieille mére, paralysée en partie depuis le mois de mai 1935, des amis, des connaissances et de nombreux autoportraits. L’artiste modelait davantage les têtes avec une matiére abondante, ce qu'il ne faisait pas pour les paysages. Le souvenir des maîtres hollandais, Rembrandt et Franz Hals,