gentille fidélité, indéfectiblement Le Moal. Il est l'homme de la discrétion, 
de la réserve, de la pudeur, qui préfère inviter, proposer, suggérer, plutôt 
qu'affirmer en termes si péremptoires que le spectateur ne peut rien ajouter 
et que la porte se ferme à son réve, à sa collaboration avec le peintre. 
Respectueux de notre liberté, rempli du tact le plus exquis, il n'est que 
douceur, indulgence, sourire, sympathie. Il aime le monde et sa vie multiple, 
il aime son art et ses exigences ; il aime son public qu'il convie tranquillement 
à partager les joies calmes de son amour. Cette sympathie recueillie et 
gravement fervente, c'est là, me semble-t-il, sa note propre dans le trio qu'il 
forme avec Manessier et Singier, de qui la voix de la foule l'a dès longtemps 
rapproché. Moins mystique que le premier, ignorant la fantaisie souvent 
narquoise du second, il est plus qu'eux à l'écoute attentive de l'univers, de 
son art et de nous, dont il se fait gentiment l'ami. C'est dire que toute son 
ceuvre est une ceuvre de sympathie et d'amitié, et qu'elle l'est avec une 
telle authenticité, une vérité si profonde, que nous ne pouvons guère lui 
refuser les nôtres ; et les nôtres trouveront, dans leur réponse et dans leur 
adhésion, la plus réconfortante, la plus enrichissante, la plus satisfaisante, 
la plus complète, la plus entière des récompenses. 
Bernard Dorival, 
Conservateur du Musée National d'Art Moderne.