artistes du XI* ou du XV® siecle. S'il doit aux Primitifs les mamelons de ses montagnes et le goüt de la profondeur creusée par des lignes ser- pentantes, en dessinant les visages des êtres humains, en déformant leurs corps, il se souvient de Picasso. L'étrangeté de ses toiles se trouve d’ailleurs accusée par cette juxtaposition d’éléments dont les uns re- lèvent du réalisme timide des derniers Gothiques, alors que les autres rappellent les déformations les plus irrévérencieuses de l’époque con- temporaine. Mais Bertholle éprouve le besoin de diminuer l'écart qui existe entre ces deux sortes d'éléments, et dans une œuvre comme La Spirale de 1939 il réduit la part du réalisme au point que par endroits il semble ne mettre en jeu que des formes inventées. Pourtant, voici un cil, une espéce de coquille d'escargot, des jambes et des mains pan- telantes, un animal minuscule qui évoque un taureau, quelques longues et étroites échelles réunies dans un aride bouquet. En d'autres termes, tout en continuant à montrer son amour du symbolisme ésotérique, Bertholle révèle son souci d’épurer la forme, de souligner le rôle qu’elle joue sur le plan strictement plastique. Est-ce à dire qu’il se trouve sur la pente qui mène au non-figuratif ? Sans doute. Mais ce n'est pas encore dans cette voie qu'il décide de s’engager. Au cours de la guerre, il est méme conduit à exécuter une série de portraits oü la fidélité envers le modèle se concilie avec une certaine idéalisation. D’autres œuvres de cette époque nous replacent devant le fantastique, mais leur style est de nouveau plus réaliste que celui de La Spirale. Visiblement, Bertholle se cherche, ou plutôt il cherche son expression, celle qui lui permette de traduire sa conception du monde avec acuité et dans un style personnel. En 1943, les exigences de la vie l'obligent à quitter Paris et à interrompre son activité créatrice. Lorsqu'il la reprend cinq ans plus tard, l’une des premières toiles qu’il peint est un Tournoi, une œuvre qui, certes, ne se veut pas étrangère à la réalité, mais qui n’a plus rien à voir avec le réalisme. C’est à peine si l’on y reconnaît les jambes d’un cheval qui se tord et auquel s’oppose une sorte de coq impétueusement agressif. Cependant on y discerne des formes longues £1