Theo van Rysselberghe est le cinquieme fils d’un important entrepreneur de Gand. Ses freres firent de brillantes carrieres dans les sciences et dans l’architecture. Des l'âge de seize ans, le jeune Théo commença ses études de peinture à l’Académie des Beaux-Arts de Gand pour les continuer à l’Académie de Bruxelles. Dès ses premières expo- sitions, il s'impose par son talent précoce qui lui vaut une bourse de voyage. Il en profite pour visiter l’Espagne et le Maroc. Rentré à Bruxelles, il participe en 1883 à la fondation du « Cercle des XX » et devient l’ami de Verhaeren. Dorénavant il expose régulièrement ses toiles aux Salons du « Cercle des XX » et de « la Libre Esthétique », qui succéda en 1894 au « Cercle des XX ». Séduit par la lumière de l'Afrique du Nord, Théo van Rysselberghe retourne au Maroc, d’où il rapporte son grand tableau « Fantasia arabe » qui le place d’emblée parmis les premiers peintres belges de l’époque. Bien qu’il soit in- fJuencé par Manet et Whistler, sa peinture d’alors reste dans la tra- dition réaliste flamande. Mais lorsque en 1886 il se rend avec Ver- haeren à Paris, il reçoit le choc révélateur de la nouvelle peinture devant le tableau « Un dimanche d’été à la Grande Jatte » de Seurat, qui constitue, comme l’on sait, le manifeste pictural du divisionnisme chromatique, c’est-à-dire de la peinture par petites touches, par points. Ce n’est qu’après de longues réflexions, de durs combats inté- rieurs que Théo accepte la technique pointilliste. Converti enfin à cette vision du monde, il expose en 1889 à Bruxelles, l’année de son mariage avec Mademoiselle Monnom, sa première toile pointillée à côté des « Poseuses » de Seurat. En peignant la même année la « Petite Denise », considérée comme l’un de ses chefs-d’œuvre, Théo van Rysselberghe s'affirme comme le maître du portrait néo-impression- niste. Il le demeurera également après qu’il aura abandonné vers 1900, la difficile et fastidieuse manière pointilliste proprement dite pour une peinture plus souple, plus libre, découlant cependant des expériences acquises. Sa facture reste néo-impressionniste par le jeu des contrastes de couleur, par la clarté des tons, et par l’emploi de touches élargies. Elle le reste surtout par la recherche de la lumino- site. Le peintre gantois voyage beaucoup, toujours hante par le pro- bleme de la lumière et des couleurs ainsi que de leurs correspondances avec sa propre vision. Il travaille beaucoup, multiplie portraits et paysages, fleurs et panneaux décoratifs. Il participe au renouveau des arts décoratifs en dessinant des meubles, des bijoux, des vitraux, des 6