INTRODUCTION Tout comme ses amis Emile Verhaeren et Maurice Maeterlinck, Theo van Rysselberghe fut d’origine flamande mais d’inspiration et d’expression francaises. Son nom s'inscrit en lettres miroitantes, comme sa peinture, dans l'histoire de la peinture moderne, du Néo- Ímpressionnisme en particulier, dont Seurat fut le créateur et Signac le théoricien. Où van Rysselberghe a dépassé ses deux chefs de file, c’est dans son art du portrait : il est devenu, par la vérité psycholo- gique du rendu, le « portraitiste capital » de cette école française. Non point pourtant, le portraitiste mondain à la mode. A cela s’oppo- sait la noble fierté tout espagnole de sa nature, l’honnêteté de ses conceptions et son refus de la facilité. Il a toujours choisi ses sujets dans son monde à lui, celui des écrivains et des artistes proches de son cœur, celui de son entourage, de sa famille, de ses amis. L’im- pressionnante galerie des portraits de personnages français, belges et luxembourgeois qu’il a ainsi créée constitue à la fois un vivant témoi- gnage de l’époque et un durable reflet de ses amitiés. Sa reconnais- sance envers notre pays, où il a passe tant de beaux jours, trouve son expression dans une douzaine de portraits de membres des familles Weber et Mayrisch, auxquelles le liait une longue et fidèle amitié. Un heureux concours de circonstances a rapproche, vers 1900, ces deux familles, d’ailleurs apparentees, au couple des van Ryssel- Lerghe. Au moment ou le Luxembourg se doit de commémorer le centenaire d'Emile Mayrisch, cet exceptionnel bienfaiteur de notre pays, au moment oü la Belgique vient de clore la majestueuse rétro- spective qu'elle a consacrée à la mémoire de Théo van Rysselberghe, il convient que les Luxembourgeois s'unissent dans une méme pensée de reconnaissance et de fervent hommage envers ces deux hommes d'élite et qu'on retrace l'origine de leur amitié. Déjà par les dates presque coincidantes de leur naissance ils se trouvaient rapprochés, Emile Mayrisch étant né le 10 novembre 1862 et Théo van Ryssel- berghe le 23 novembre de la méme année. Mais leur véritable rappro- chement s'est effectué bien plus tard, par l'intermédiaire de leurs épouses. M, A Madame Theo van Rysselberghe, nee Maria Monnom, etait la fille d’un haut fonctionnaire bruxellois des chemins de fer belges. A la mort prématurée de son mari, Madame Monnom prit en mains la 1